dans l’éloquence sacrée Bourdaloue). Il n’y a emploi des « valeurs », c’est-à-dire des éléments affectifs, qu’autant qu’il faut pour émouvoir et triompher.
On est peu ou point convaincu de la légitimité de sa thèse. — En ce cas (un avocat plaidant une cause qu’il sait mauvaise), l’élément rationnel relève plutôt de la sophistique[1]. La charpente intellectuelle est frêle et pleine de trous, et la logique des sentiments se fait la part du lion par nécessité.
Il ressort des remarques précédentes que le type du raisonnement mixte se trouve dans l’éloquence vraie, celle qui est mieux qu’un verbiage élégant et vide. Je n’ai pas à apprendre au lecteur ce qu’est l’éloquence, mais à montrer que ses conditions psychologiques sont celles du mode de raisonnement qui nous occupe. Cicéron en donne une définition très bien appropriée à notre sujet : « C’est un état d’émotion continue[2]. » Elle est naturelle à l’homme même chez les sauvages, il y a des gens éloquents qui, dans un idiome pauvre, aidés des intonations et des gestes, savent convaincre et entraîner leurs congénères. Elle est une des manifestations de cette logique primitive, indifférenciée, dont nous avons parlé, où les éléments rationnels et affectifs étroitement enchevêtrés concourent à la même fin ; et si elle existe et agit encore