découvert leur opinion par le développement spontané d’une dialectique froide, pure, divinement insouciante ; tandis qu’au fond une thèse anticipée, une suggestion, le plus souvent un souhait du cœur, abstrait et passé au crible, est défendu par eux, appuyé de motifs laborieusement cherchés ». Remarquons que l’auteur de ce passage, Nietzsche (Au delà du Bien et du Mal, chap. 1), qui s’emporte contre la tartuferie du vieux Kant, nous attirant dans les voies détournées de la dialectique qui mènent à son impératif catégorique », est lui-même un très bel exemple du défaut qu’il critique.
Dans tous les cas de ce genre, la forme est celle de la logique rationnelle. La structure du raisonnement est ferme, sans lacunes, irréprochable ; mais c’est un état d’âme extra-rationnel qui a l’initiative et la haute direction. Ce qui paraît démonstration n’est que justification. La logique de la raison semble maîtresse ; en réalité, elle est servante. On s’y trompe, parce que l’édifice logique, bâti par des ouvriers habiles et subtils, n’a pas les apparences naïves du raisonnement affectif où le dénouement est connu d’avance.
II. À côté de cette forme de raisonnement dont la valeur objective est si faible, il faut en mentionner une autre que j’appelle le raisonnement de consolation. Il est né du besoin de trouver un remède à la douleur morale. Si l’on exclut les pessimistes qui ne veulent pas de consolation, les stoïques qui les dédaignent, les esprits