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Section IV.

Le raisonnement de justification

Je serai très bref sur cette forme de raisonnement, la plus simple, la plus enfantine, la plus banale de toutes, Elle est bien connue, quoique la logique des sentiments soit peu explorée. Son nom est ancien, puisqu’on l’attribue généralement à Malebranche. Pourtant, elle mérite une mention, ne fût-ce que pour la distinguer du raisonnement composite ou, plaidoyer qui sera étudie ci-après et qui est très différent.

Son caractère essentiel, c’est d’être engendrée par une croyance ferme et sincère qui se refuse à être troublée et aspire au repos, Le raisonnement de justification est nettement téléologique, Malgré quelques apparences de rationalisme, il appartient au type affectif pur se manifestant dans sa plus grande pauvreté. La croyance aveugle (quel que soit son objet) étant l’affirmation de l’individu dans son désir et son sentir les plus intimes, tient au fond même de son être. Elle est, en dernière analyse, une manifestation partielle de l’instinct de la conservation :