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LA LOGIQUE DES SENTIMENTS

tion entre l’espérance et la peur. Dans l’interprétation des cas douteux, l’interrogateur incline, selon son caractère, vers une conclusion optimiste ou pessimiste.

2o L’élément imaginatif pur se réduit au mode de pensée symbolique. Les perceptions et images concrètes sont transformées en images symboliques ; en sorte que toutes les manifestations de la nature et de l’humanité n’ont pas seulement leur valeur brute, mais une signification cachée, un sens occulte à déchiffrer. C’est l’essence même de la divination, et il est inutile de donner des exemples.

3o L’élément rationnel est propre aux cas d’interprétation difficile. Le raisonnement simule la forme rationnelle et prend une allure scientifique. L’interrogateur n’est plus compétent pour comprendre la réponse. Il n’est pas à la portée d’un novice de prédire la destinée d’un homme ou le résultat d’une bataille d’après la position des astres. C’est la divination savante, celle qui a produit les grands traités mentionnés plus haut, auxquels un ensemble imposant d’observations, de déductions, d’inductions, de calculs donnent une apparence de solidité. Rien n’y manque, sauf une base ferme et l’objectivité que la construction imaginative atteint quelquefois en fait (dans les découvertes qui réussissent) ; jamais en droit parce qu’elle exprime une conception individuelle, subjective. Il est vrai que l’art divinatoire se réclame de l’expérience, se prétend vérifié par elle, la compte comme une des preuves de sa validité logique. Par une illusion naturelle, le croyant attache plus d’importance à une prédic-