le lieu où la vie future se déroule ni sur sa durée limitée ou non. C’est une œuvre d’imagination surajoutée à la croyance principale.
En somme, la conception d’une immortalité heureuse ou malheureuse se ramène à des jugements de valeur sur les différentes formes de la vie, dont l’une est tenue pour le souverain bien (Paradis), l’autre pour le souverain mal (Enfer), c’est une conclusion qui dépend des désirs, des aspirations, des goûts : l’homme actif ne conclut pas comme le contemplatif, ni un ascète comme le Scandinave espérant en la Walhalla. Rien de plus vrai que la formule : « Dis-moi quel paradis tu rêves et je te dirai qui tu es, »
2o Cette croyance, cette affirmation d’origine sentimentale, quel qu’en soit le contenu, a été tout d’abord toute spontanés ; puis elle a été forcée de se consolider contre le doute et les difficultés issues de la réflexion. Alors la logique apparaît. Le principe vrai, fondamental, universel qui lui sert de base est un fait psychique de la nature de l’homme : le désir de vivre toujours. Il est le nerf de tout raisonnement en faveur de l’immortalité. « Les êtres doués d’intelligence, dit saint Thomas, désirent exister toujours et un désir naturel ne peut exister en vain[1]. » Discuter cette assertion n’est pas de notre sujet : d’ailleurs, cette besogne a été faite bien des fois, notamment par Taine (dans sa critique de Jouffroy) sous une forme humoristique qui a soulevé des indigna-
- ↑ Summa theologiæ, I, 75, b, ap., Bourdeau, ouv. cité, p. 102.