l’omettre au profit de formes plus nettes où l’influence des états affectifs est franchement déterminante,
I. — Les croyances, idées ou conclusions relatives à la vie future sont d’excellents exemples de raisonnement imaginatif, d’une marche du connu à l’inconnu, d’un voyage de découverte où le sentiment est le pilote. Dans cette question, il y a deux éléments à considérer les conceptions diverses de l’immortalité ; les raisons par lesquelles on prétend l’établir.
1o Sur le premier point, je me contente d’une énumération qui pourrait être plus longue : la vie vague des Ombres, comme dans les poèmes d’Homère ; la continuation et répétition de la vie terrestre, croyance qui paraît dater de l’époque néolithique où les morts sont enterrés avec leur mobilier et leurs armes ; l’immortalité aristocratique réservée aux chefs, aux nobles, aux braves ou simplement aux riches (elle a eu même, de nos jours, des adhérents tels que Goethe) ; la métempsychose, les transmigrations et renaissances indéfinies avec résorption finale dans le Grand Être ; l’extinction dans le nirvâna ; l’immortalité conditionnelle réservée à ceux qui la gagnent par leurs mérites ; l’état de paix perpétuelle, le repos dans l’amour divin (conception mystique) ; l’omniscience (conception intellectualiste), le progrès sans fin (Leibniz), etc.[1]. Je ne dis rien des multiples opinions sur
- ↑ On trouvera sur ce point beaucoup de documents historiques et ethnographiques dans L. Bourdeau, Le Problème de la mort (Paris, F. Alcan), chap. v et vii,