fuse, incohérente des faits et les rendre intelligibles, il reste pourtant incontestable que certains raisonnements sont si exacts, si rigoureusement vérifiés (l’astronome qui prédit le moment d’une éclipse) qu’on ne peut leur refuser un caractère objectif.
Le raisonnement émotionnel, au contraire, est toujours régi par une tendance, une inclination, un désir, une aversion, un état affectif quelconque qui exprime l’état du sujet et rien de plus ; il est emprisonné dans la subjectivité.
Étudions-le maintenant d’après ses œuvres. Rien n’est plus facile, il est partout, s’étend à tout. J’emprunterai presque tous mes exemples à l’expérience religieuse : les documents abondent, variables selon les races, les temps, les lieux, les degrés de culture ; mais au fond le mécanisme logique reste le même.
À l’origine, la création, la conception (si l’on préfère) de Dieu ou des dieux est-elle l’œuvre du raisonnement affectif seul ? Non. L’opération qui crée les mythes est l’œuvre de la nature humaine tout entière, intellectuelle et affective, de l’homo duplex. Elle est, suivant une définition juste : « l’objectivation psycho-physique de l’homme dans tous les phénomènes qu’il peut percevoir », La forme de raisonnement que le mythe enveloppe et dissimule, mériterait plutôt l’épithète d’anthropomorphique. Elle appartient à cette période primitive dont nous avons parlé dans le précédent chapitre, où la différenciation entre les deux logiques ne s’est pas encore produite. Nous pouvons donc