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BRAMANTE

ou en Angleterre. Mais il faut remarquer d’abord que Venise, par sa situation relativement septentrionale, n’est pas très chaude, et il faut surtout penser que Venise, vivant au milieu de la mer, ne peut se lasser de la contempler. Venise a l’orgueil de ses canaux : ils sont l’âme de la cité ; c’est là que se font toutes les grandes cérémonies civiques, que se donnent toutes les fêtes. Il faut aux Vénitiens de grandes fenêtres pour voir, et il leur faut de magnifiques façades pour orner ces canaux où se passe toute leur vie. À Venise, tout est subordonné à la mer ; on pourrait dire que c’est la gondole qui a fait son architecture.

Un autre fait intéressant à noter, c’est la prédominance de l’architecture civile sur l’architecture religieuse. Ceci a toujours été un des caractères de l’art vénitien, mais il est encore plus apparent à cette époque du xvie siècle qui voit un affaiblissement général de la pensée religieuse dans toute l’Italie.

Nous savons que Venise avait adopté vers la fin du xve siècle le style fleuri de la première Renaissance. Ce style se continue sans transformations pendant le premier tiers du xvie siècle. L’œuvre la plus importante qui se fait alors est la continuation du décor de la cour intérieure du palais des Doges, commencée précédemment par A. Rizzo. L’escalier est particulièrement remarquable, avec les deux statues colossales qui l’encadrent et le groupe de trois arcades que domine superbement le Lion de Saint-Marc (Pl. 14). C’est là, au milieu d’un ensemble un