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BRAMANTE

la faveur sera telle qu’il n’y aura plus de place à côté de lui pour Michel-Ange. Ces deux hommes sont trop grands pour pouvoir vivre à côté l’un de l’autre, et ils sont trop différents pour pouvoir s’aimer.

Léon X ne saurait toutefois méconnaître le génie de Michel-Ange, ni se priver de ses services. Puisque Rome est toute à Raphaël, à Michel-Ange il donnera Florence.

Léon X n’oublie pas la ville de ses ancêtres, il veut continuer là les œuvres qu’ils ont entreprises et il va demander à Michel-Ange de travailler à cette église de San Lorenzo que le vieux Cosme avait fait construire par Brunelleschi et que les Médicis n’avaient cessé d’enrichir pendant tout le cours du xve siècle. Il commande à Michel-Ange la Sacristie Neuve destinée à servir de chapelle funéraire à sa famille, il lui demande d’aménager, dans le cloître annexe de l’église, une bibliothèque pour ces manuscrits dont la réunion était une des plus grandes gloires des Médicis, et surtout il lui demande de faire cette façade que ni Brunelleschi ni ses successeurs n’avaient commencée et qui reste encore à construire.

Le programme était considérable, et Michel-Ange va encore le compliquer par la façon gigantesque dont il rêve de l’exécuter. Ici comme toujours il voit trop grand et, de ce qu’il projette, il ne pourra rien terminer.

Ce qu’il faut avant tout remarquer dans ces œuvres, soit dans la Chapelle funéraire, soit dans la façade de l’église, c’est que Michel-Ange fait une architecture de sculpteur. Sa façade ne devait être qu’une grande surface