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BRAMANTE

Renaissance fut volontairement un mouvement antireligieux, puisque bien au contraire elle eut pour principal appui l’autorité pontificale et que les plus grandes œuvres d’art du xve et xvie siècle furent faites pour les églises ; mais le sentiment religieux s’est parfois transformé à un tel point qu’il devient méconnaissable. Par leur sujet les œuvres sont encore religieuses, par leur esprit elles ne le sont plus. Dans la réforme tentée par Luther, un des plus grands reproches qu’il adresse à la papauté est précisément le caractère profane de ses arts.

Une autre idée fondamentale de la Renaissance fut sa croyance à une beauté idéale, supérieure à la nature. On connaît le mot de Raphaël : « Manquant de bons juges et de belles femmes, je me sers d’une certaine idée qui me vient dans l’esprit. Je ne sais si celle-ci a quelque excellence d’art, mais je sais bien que je me fatigue beaucoup pour l’avoir. » De même Michel-Ange a dit : « Parce que la beauté de ce monde est fragile et trompeuse, je m’efforce d’atteindre à la beauté universelle. » Cette beauté universelle, les hommes de la Renaissance crurent l’avoir trouvée dans l’antiquité, et leur admiration fut telle qu’elle entraîna le mépris pour toutes les œuvres conçues pendant les siècles précédents, pour cet art du moyen âge qui s’était formé en dehors de toute imitation de l’art antique. Les tendances peu chrétiennes et les recherches idéalistes de la Renaissance influèrent profondément sur l’évolution de l’art nouveau. Le caractère le plus apparent qui marquait en architecture le sentiment chrétien était la recherche