Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308
CONSÉQUENCES PHILOSOPHIQUES.

de bien lointains rapports avec elle. En un mot, la seconde moitié du xixe siècle aurait assisté à la faillite du mécanisme, par la démonstration de sa stérilité, puis à la faillite de la physique, enfin à la faillite de la science expérimentale.

J’avais résolu de consulter sur ces points les physiciens en classant leurs solutions par affinités naturelles. Cette consultation est terminée.. Qu’en ressort-il ? Que les propositions que je viens de reproduire ne sont pas fondées.

Il suffit, pour avoir le droit de l’affirmer, de rapprocher les conclusions des études qui précèdent. Si ces études sont des analyses exactes des idées des physiciens actuels, si tous ceux-ci se rattachent bien à l’un des systèmes qui ont été examinés, je crois qu’il n’est pas possible de soutenir une autre opinion.

En résumant ces conclusions on arrive, me semble-t-il, aux propositions suivantes :

1o Tous les physiciens actuels, à quelque école qu’ils appartiennent, croient à l’objectivité de la physique, c’est-à-dire à la possibilité de connaître par cette science, et d’une façon de plus en plus complète les phénomènes physico-chimiques, leurs conditions d’apparition, de variation et leurs liens réciproques.

2o Cette objectivité est essentiellement empirique. L’expérience est le critérum de la vérité, partant de l’objectivité. « Le monde ne saurait être deviné. » Les expressions : « intuition rationnelle », « principes évidents par eux-mêmes », n’ont plus aucun sens pour un savant, en dehors des exigences de la logique formelle.

3o Cette objectivité est, en conséquence, d’ordre phénoménal et relatif. La physique nous donne une représentation fidèle de la nature telle qu’elle nous apparaît, une description systématique.

4o Cette objectivité, qui a son garant dans l’expérience, est forcément limitée par l’expérience actuelle. Lorsqu’on s’appuyait sur des intuitions a priori, cette objectivité pouvait prétendre à n’avoir aucune limite ; les principes intuitifs devaient trouver leur application dans tous les phé-