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LA CRITIQUE DU MÉCANISME : L’ATTITUDE HOSTILE.

des expressions de la notion de la force, qui est une notion expérimentale : le changement dans l’état de mouvement, ou accélération. Les lois I et II sont contenues également dans cette notion expérimentale de la force. Elles sont l’expression du principe de l’inertie ; et pour poser ce principe, il suffit de dire que les définitions données ne sont pas les définitions arbitraires et mathématiques, mais répondent à des propriétés expérimentales des corps. La loi III (action et réaction) est elle-même une conséquence d’une notion claire de la masse, dont l’acquisition n’est possible que par des expériences dynamiques. Le corollaire I énonce le principe de l’indépendance des mouvements, qui n’est et ne peut être qu’un fait d’expérience, etc. Ainsi définitions, lois et axiomes premiers de la mécanique newtonienne sont fondés sur des faits expérimentaux qui se ramènent en réalité à la découverte d’un seul grand fait : « Différents couples de corps déterminent sur eux-mêmes, et indépendamment l’un de l’autre, des couples d’accélération tels que les deux accélérations d’un même couple sont dans un rapport invariable qui caractérise ce couple. » Ce fait implique simplement qu’il y a des accélérations et qu’il y a des masses. Et l’histoire de la dynamique n’est autre chose que la découverte, morceau par morceau, de ce grand fait, grâce à Galilée, Huyghens et Newton. Lois de la chute des corps, loi particulière de l’inertie, lois des pendules, concept de travail, principe du parallélogramme des forces, concept de masse, etc. : voilà les étapes de la découverte. Cette histoire montre à l’évidence que, si les circonstances accidentelles ont donné au processus évolutif de la science des directions particulières, celle-ci n’est point pour cela tout entière conventionnelle et arbitraire. Il y a une partie qui dérive de la convention : ce sont les définitions choisies, conséquemment le genre des unités fondamentales, l’ordre ou l’enchaînement des principes. Mais le sens de ces principes, le contenu de la science ne le sont point, parce qu’ils ne sont, en définitive, que le développement de faits, indépendants de nos vues personnelles, parce qu’ils dérivent de l’expérience. Les résultats de la recherche