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REVUE POUR LES FRANÇAIS

c’est contre les États-Unis ; ils veulent les Philippines ; on les représente se préparant avec une ardeur enfiévrée pour les combats prochains, armant sans relâche, négociant secrètement des emprunts de guerre, etc… Puis quelqu’un de soi disant informé surgit qui les déclare à bout de souffle, à bout d’argent, à bout d’ambition et qui prédit des troubles révolutionnaires imminents, une banqueroute menaçante, etc… Le bon sens et une critique raisonnable ne peuvent-ils donc avoir raison des exagérations. Les Japonais se reposent et s’installent ; voilà tout. C’est bien assez. L’effort qu’ils ont fourni a été formidable ; ils n’en sont nullement écrasés mais ils en sont fatigués, on le serait à moins. Par ailleurs toute la Corée est devant eux, ils ont à l’organiser, à la mettre en valeur, à l’exploiter ; ce n’est pas une petite affaire. Non seulement une nouvelle guerre même victorieuse n’apporterait aucune facilité de plus à l’accomplissement de cette tâche, mais elle l’entraverait plutôt. Elle aurait surtout pour résultat d’affaiblir considérablement les sympathies que le Japon s’est acquises et auxquelles il tient par dessus tout. On lui marquera d’autant plus de considération que la manifestation de sa force ne sera pas répétée. L’Europe attend du Mikado qu’il devienne, pour une période aussi longue que possible, un facteur de paix et d’ordre en Extrême-Orient. La diplomatie nippone, très habile, connaît assurément cet état d’âme et travaille à le satisfaire. Le cabinet de Tokio, de son côté, ne peut manquer de saisir les avantages d’une politique extérieure qui est parfaitement conforme aux besoins intérieurs de l’empire.

Choses du Vatican.

Il en faut bien parler ; la querelle qui semble entrée dans la période aiguë aura rempli du reste une bonne partie de l’année 1906. C’est au premier chef une querelle politique ou, du moins, elle est devenue telle. Le gouvernement français a voulu, suivant la pittoresque expression de feu M. Brunetière, ignorer le « fait pontifical ». Nous avons toujours dit que cette faute grossière était l’origine de tout le mal. Le Vatican a voulu prouver à la République qu’elle ne pouvait se passer de lui pour légiférer utilement sur les choses de la religion. La preuve est surabondante. Il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas l’avouer. Mais aux dépens