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REVUE POUR LES FRANÇAIS

nisation européenne doit évidemment différer de l’un à l’autre continent. Dans l’un nous poursuivons surtout l’exploitation au sens propre du mot, dans l’autre le commerce ; ici nous semons principalement, là nous devons déjà récolter.

L’Asie française, composée des comptoirs de l’Inde, des concessions chinoises et de l’Indo-Chine, représente une superficie de 672,000 kilomètres carrés peuplés par environ 21 millions d’individus.

Outre leur valeur intrinsèque, nos colonies d’Extrême-Orient ont l’avantage du voisinage de la Chine, marché de distribution immense, et nous permettent d’y insinuer notre influence en tirant parti de son réveil. Ne jugeons donc pas leur valeur par leur seule étendue mais considérons-les surtout comme un moyen d’action dans cette région du monde : il s’y joue une partie d’importance internationale dont aucune grande puissance ne saurait, sans déchoir, se désintéresser.

L’Inde française.

Mesquin débris du splendide héritage préparé par Dupleix, défendu par Lally-Tollendal et abandonné par la France qui n’en apprécia l’importance qu’après l’avoir laissé tombé aux mains des Anglais, l’Inde française d’aujourd’hui n’a pour nous que la valeur d’un souvenir. Pondichéry, Chandernagor, Karikal, Mahé, Yanaon et leurs dépendances, territoires morcelés en centaines de parcelles, dispersés à travers l’Inde anglaise, ont une superficie d’environ 50.000 hectares et comptent 75.000 habitants, parmi lesquels moins d’un millier d’Européens.

On y cultive le riz, l’indigo, l’arachide, mais leur prospérité économique est principalement due à l’industrie déjà ancienne du tissage et du teint des cotonnades bleues dites guinées, fabriquées à l’usage des noirs du Sénégal et de la côte de Guinée. Nous avions certainement avantage à favoriser le développement de cette industrie française. Nous l’avons au contraire entravée par une loi récente.

L’Inde française est connue, d’autre part, pour ses scandales électoraux. On sait qu’elle nous rend l’éminent service d’augmenter notre Parlement d’un sénateur et d’un député. Là se bornera sans doute bientôt toute son utilité. D’aucuns peuvent la trouver médiocre.