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LA FRANCE COLONIALE

transport d’une tonne de marchandise de Konakry à Beyla, de la mer à l’arrière pays ? Exactement 1.424 fr. 80 ! Trouvez vous un produit agricole qui supporte une telle majoration de prix ? Non. L’exploitation du sol de ces régions est donc liée au perfectionnement des moyens de communication. Il leur faut des chemins de fer.

L’Afrique occidentale française qui possède déjà 1 200 kilomètres de voies ferrées doit rapidement doubler ce réseau sous peine d’être arrêtée en pleine croissance. Elle négocie à cet effet un nouvel emprunt de 100 millions qui bénéficiera probablement d’une garantie de la métropole mais qui s’en passerait aisément. En dix ans son commerce a doublé et cette colonie, dans l’enfance, représente déjà 20 % des échanges de l’empire colonial français[1] : les progrès qu’elle a réalisés dans sa période de formation lui assurent un prodigieux avenir.

Le Congo.

Le Congo français est formé des anciens territoires du Gabon, du Moyen-Congo, de l’Oubanghi-Chari et du Tchad. Nous l’avons acquis par lambeaux, à la suite des voyages de nos explorateurs, sans dépenser officiellement beaucoup d’efforts.

La facilité même de son annexion lui aliéna longtemps l’attention de la métropole et le priva des secours utiles à sa mise en valeur. En comparaison des résultats économiques obtenus dans l’État voisin du Conso belge, notre œuvre est demeurée inférieure. Les Belges ont compris avant nous la portée du mot de Stanley : « Sans le chemin de fer, tout l’État du Congo, quel que soit l’immensité de ses ressources, ne vaut pas une pièce de deux shellings », ils ont construit leur chemin de fer. Nous n’avons pas encore le nôtre.

Le Congo est notre colonie la plus peuplée. La politique indigène y joue dès lors un rôle particulier. Ses habitants qui mènent la vie sauvage se soucièrent peu de nous voir occuper leur pays aussi longtemps que nous les laissâmes en paix, mais dès qu’on fit appel à leur concours, ils résistèrent : n’ayant pas de besoins, ils ne comprenaient pas l’utilité de l’effort. En présence de cette difficulté, l’administration coloniale résolut d’attirer d’abord l’indi-

  1. Moins l’Algérie et la Tunisie.