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LE CHERCHEUR D’OR

genre nouveau (l’ascension du Ballon de Giromagny, la plus haute montagne de la région), des concours de gymnastique et d’escrime, l’inauguration d’un stand municipal précédaient la représentation d’une curieuse comédie en trois actes, la Sotré de Noël. La fête a été de tous points réussie.

Nous en prenons occasion pour placer sous les yeux de nos lecteurs une « légende barbare » de M. Georges Dubois dont la double personnalité de professeur d’escrime émérite et de sculpteur de haut vol est assurément l’une des plus curieuses de ce temps. M. Dubois, on le verra, est encore écrivain à ses heures. Le Chercheur d’or, composé en vue d’une représentation de plein air constitue une sorte de tableau primitif, un peu trop bref peut-être pour la scène mais d’un grand caractère artistique.


Les personnages sont : Irheuld. — Le Mineur. — Le Vieillard. — Le Roseau. — Mamrhaah, compagne d’Irheuld. — Norhka, compagne du Roseau. — Deux Enfants de 12 et de 11 ans.

Les hommes à demi-nus ont des peaux de loup autour des reins ; les femmes sont drapées avec des étoffes légères beige et brun roux ; elles ont des fleurs dans les cheveux ; les enfants sont nus avec des ceintures de feuillage. Irheuld est athlétique ; il porte, accrochée à sa ceinture, une fronde et marche en jouant avec un épieu dont la pointe est durcie au feu. Le mineur, vêtu d’une tunique en peau de loup, est plus fin, mais robuste. Le Roseau symbolise l’homme faible. Le vieillard long et maigre a une grande barbe blanche. La scène représente un paysage primitif au revers d’une colline avec une trouée vers un horizon lointain. Au premier plan, une excavation ; à côté, la terre qu’elle contenait ; à part, des blocs de quartz aux veines d’or très apparentes. Sur la gauche, une cabane contenant des pioches et d’autres outils.

Quand le rideau se lève, on aperçoit les bras et la tête du mineur émergeant de l’excavation. Il travaille silencieusement ; s’arrêtant un instant, il tourne vers le public son visage ravagé à l’œil pensif et implacable puis il se remet au travail. Tout à coup, il jette sa pioche en poussant une exclamation et apparaît, tremblant, tenant dans ses mains fébriles un bloc de quartz qu’il compare avec ceux précédemment extraits du sol. Se redressant et embrassant l’horizon d’un regard circulaire, il s’écrie :

Je vous posséderai… Je vous étreindrai tous… Allons, encore ! encore ! toujours.