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L’ÉTHIOPIE D’AUJOURD’HUI

confusion. En mars 1896, à Adoua, le général Baratieri, vaincu par le ras Makonnen, abandonna sur le champ de bataille 20.000 morts et 2.000 prisonniers dont 3 généraux.

L’effet produit fut prodigieux. Du jour au lendemain, Ménélik fut célèbre, et les gouvernements d’Europe qui l’ignoraient, recherchèrent son amitié, y compris celui d’Italie qui s’empressa de traiter et de reconnaître formellement l’indépendance de l’Éthiopie.


le peuple éthiopien

Ce peuple africain, vainqueur d’une grande puissance, attira dès lors l’attention du monde. Il mérite de la retenir.

Il importe avant tout de se bien pénétrer qu’en dépit de leur teint bronzé, les Éthiopiens ne sont pas des nègres. Ce sont, si l’on peut dire, des noirs de race blanche : ils n’ont du nègre que la couleur. Leurs lèvres ne sont pas lippues ; leurs cheveux sont lisses ; leur taille est élégante et fine. Ils se rattachent évidemment à la race sémitique. Ils s’en glorifient, et si les citadins, de mœurs relâchées, négligent en général, d’assurer la pureté de leur descendance, les paysans, bien au contraire, mettent leur point d’honneur à ne s’allier qu’entre gens de même race.

Les tendances de cette Revue, nous le savons tous, lecteurs, vous comme moi, sont favorables aux indigènes. Il est utile de réagir contre l’opinion malheureusement très répandue en France que les peuples lointains sont des sauvages. Nous ne manquons pas de le reconnaître, mais nous croyons tout aussi bien à l’infériorité de certaines races. Si nous devions en établir un classement, nous placerions en bas de l’échelle, bien loin en-dessous des autres, l’aborigène australien, et un peu plus haut, mais très bas encore, le nègre d’Afrique. Les Éthiopiens sont beaucoup plus élevés dans notre estime. Ils diffèrent des nègres leurs voisins, non leurs frères, au moral plus encore qu’au physique.

L’Éthiopien, qui a l’œil vif, est intelligent, brave, fier. On sent qu’il n’a jamais connu la servitude et qu’il ne s’y pliera jamais. Il supporte les pires souffrances avec un stoïcisme pur de toute défaillance. Le lieutenant Collat, attaché militaire de France, nous raconte qu’ayant assisté plusieurs fois à l’exécution de la peine de l’amputation de la main, il vit la victime « rester calme,