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L’ARMÉE ET LE TRAVAIL MANUEL

« 2o  Les casernements sont trop resserrés pour qu’on puisse trouver des locaux suffisants pour l’installation d’ateliers. On n’arrive pas encore à doter chaque compagnie de salles de réfectoire ou de salles de réunion, ce qui est si désiré depuis bien des années ;

« 3o  La plupart des officiers et des sous-officiers sont inaptes à diriger des travaux d’ouvriers et ils ne se prêteront nullement à acquérir ces aptitudes. On leur demande bien autre chose ;

« 4o  Il n’y a pas à espérer donner un métier à ceux qui n’en ont pas en entrant au service ; il faut se garder surtout de transformer en ouvriers industriels les ouvriers agricoles. Il faut que ceux-ci retournent aux champs ;

« 5o  On utilise, dans une certaine mesure, la main-d’œuvre militaire pour les réparations de casernements : maçons, serruriers, charpentiers, etc., en un mot, tous les ouvriers du bâtiment trouvent à s’employer mais les grosses réparations ou les constructions neuves se font par le service du génie et par l’intermédiaire d’entrepreneurs qui coûtent extraordinairement cher et qui remplissent la presse de leurs réclamations lorsque l’on emploie la main-d’œuvre militaire au détriment de leurs intérêts ;

« 6o  Il ne faut pas croire qu’il y ait beaucoup de loisirs à la caserne et, lorsqu’on a fatigué les hommes pendant quatre heures d’exercices, sans compter les corvées, les théories, il faut les laisser se reposer tranquillement. Enfin, pendant la belle saison, le tir et les exercices extérieurs absorbent toute la journée ;

« 7o  Les observations précédentes se rapportent surtout à l’infanterie. En ce qui concerne la cavalerie et l’artillerie, la question ne se pose même pas. Quant au génie, il fait travailler ses soldats selon leur spécialité ; c’est son rôle ;

« 8o  Au point de vue de la mobilisation du soldat, ce n’est pas de l’emploi de son temps pendant la journée dont il faut se préoccuper mais de l’emploi de ses longues soirées d’hiver lorsqu’il ne peut sortir ou qu’il s’enferme dans les bouges, les cabarets ou, s’il n’a pas quelques sous, lorsqu’il languit dans les chambrées mal éclairées où il ne peut que dormir ou remuer de mauvaises pensées. La solution n’est pas facile à trouver malgré les efforts de beaucoup de bonnes volontés… ».

M. le général Langlois, dont le jugement fait autorité, serait favorable en principe, mais l’application lui semble impossible à organiser : « On fait aujourd’hui aux soldats, dit-il, quantité de