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ouvrage en préparation montrera comment l’homme a franchi les vingt et un étages supérieurs.

Maintenant le développement de la pensée ne se fait pas selon une seule ligne. Elle se manifeste par des phénomènes d’espèce diverse. Une description systématique (morphologie) des divers types de phénomènes psychiques était nécessaire pour exposer le développement de l’esprit (ontogénèse et phylogénèse). Un arbre généalogique se compose de types individuels de divers ordres entre lesquels la filiation met un lien. M. Romanes s’est arrêté à la classification suivante.

À partir de la neurilité, tronc commun des puissances d’ordre mental, il figure trois gros rameaux, celui de l’intelligence qui occupe la droite du tableau, celui des émotions qui occupe la gauche, et celui de la volonté qui occupe le centre[1].

Les rapports les plus généraux entre l’intelligence et la volonté sont assez nettement indiqués. (Racines fondamentales des facultés mentales.) « La faculté rudimentaire de discerner l’excitation présentée par une plante a pour correspondant proportionnel la faculté rudimentaire d’adaptation choisie qu’elle manifeste dans ses mouvements : de même que l’une est destinée, par le fait du perfectionnement évolutif, à devenir une subjectivité consciente d’elle-même, l’autre est destinée à devenir par un perfectionnement analogue une volition délibérée. » Un petit nombre d’exemples décisifs montre que dans toute la série des êtres vivants « la faculté de discernement et la faculté de choisir les adaptations… se développent ensemble et que d’un bout à l’autre le développement est parallèle. » Partout la variété et la flexibilité des aptitudes motrices correspondent à la complexité et à la plasticité des aptitudes représentatives. C’est, dit M. Romanes, ce à quoi l’on pouvait s’attendre à priori. « Il est clair en effet que le développement de l’une de ces facultés ne pouvait servir à rien sans le développement de l’autre. D’une part, il ne servirait à rien à un organisme d’être apte à discerner le caractère nuisible ou utile d’une excitation, si en même temps il ne possédait le pouvoir de coordonner les mouvements nécessaires pour s’adapter au résultat de son discernement ; d’autre part, de quoi servirait-il à un organisme de posséder le pouvoir de coordination (motrice) s’il lui manquait la faculté de discernement qui seule pourrait rendre utile le pouvoir de coordination ? » Tout progrès de l’une des deux

  1. Dans le diagramme annexé à l’Évolution mentale, les rameaux et les branches ont une certaine largeur et sont représentés comme par des baguettes, de sorte que leur base d’insertion soit assez étendue pour symboliser une naissance graduelle à partir du processus inférieur.