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Dr s. wilks. — nature du langage

quand même il ne pourrait entendre. Si l’on dit que l’ouïe est une nécessité au point de vue de la cadence et de la régulation de la voix, on montre par là même que le larynx seul ne suffit pas à produire le langage chez un être intelligent. Mais il est inutile de fournir des arguments pour montrer que le langage s’apprend par imitation et par l’intermédiaire de l’ouïe. C’est par cette méthode que tous les enfants apprennent à parler, car, lorsqu’ils ont été privés d’entendre la voix humaine, — comme dans le cas de ce qu’on appelle les enfants sauvages (si les histoires de cette sorte sont authentiques) qui n’ont vécu qu’au milieu des bêtes des champs, — ils ne font entendre que des cris et des bruits, bien que tous leurs sens et tous leurs appétits aient conservé leur intégrité. Ils ne parlent pas, parce qu’ils n’ont pas entendu la voix humaine.

Un enfant entend un son ou un mot en connexion avec un objet particulier ; il imite le son et s’en sert plus tard en l’associant avec cet objet. C’est de cette façon que le langage semble s’acquérir, et il n’est pas déraisonnable de supposer que, dans l’enfance du monde, le langage s’est développé par T intermédiaire de l’organe de l’ouïe, ce qui tend à corroborer la doctrine de l’onomatopée, c’est-à-dire de l’origine du langage par l’imitation des sons naturels.


Si je fais ces remarques préliminaires avant de donner un exemple de langage chez les animaux, c’est parce que je pense qu’il est nécessaire de voir clairement dans quelle direction nous devons poursuivre nos recherches, et quelle est la véritable question que nous avons à élucider. Il est très certain que le langage n’est pas un processus simple, mais qu’il dépend de l’organisation cérébrale, de la perfection de l’appareil vocal, et aussi de l’intégrité de l’ouïe. On peut aussi affirmer que le langage ne se réduit pas uniquement au langage articulé ; mais sous ce nom doivent être compris les autres modes de communication qui existent entre les animaux par le moyen des gestes ou des mouvements. Cependant, tant qu’il existe des différences d’opinion sur la distinction que le langage met entre les animaux et l’homme, il est préférable, pour le moment, de continuer à recueillir des observations, car c^est seulement par les faits et les exemples que l’on peut élucider la vérité. Je raconterai donc aussi brièvement que possible quelques particularités touchant mon perroquet.

Quand je devins possesseur de mon perroquet, il y a déjà quelques années, c’était un oiseau entièrement illettré, et j’avais par suite une occasion d’observer de quelle manière il acquerrait le langage. Je