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appelle « percevoir » et sur ce qu’on appelle « être » ? C’est là qu’on rencontre le désaccord, les mots vagues et les idées flottantes.

Ce n’est pas dans les deux pages que M. Hoppe a consacrées à la conclusion que le problème pouvait être traité avec l’ampleur, avec les détails nécessaires. Il reste entier, et pour longtemps encore, probablement.

Mais pourquoi être allé s’égarer sur le domaine de la métaphysique ? N’eût-il pas été préférable de coordonner les explications essayées, de pousser plus loin, s’il était possible, l’analyse des perceptions du mouvement comme absolu ou comme relatif, d’apporter quelques pierres de plus à l’édifice, bien lentement grandissant, de la nouvelle psychologie ? Certes la peine eût été plus grande, mais au moins elle eût pu trouver sa récompense.

Paul Tannery.

Carl Vogt, Zur Physiologie der Schrift. De la physiologie de l’écriture. (Nord und Sud, XII, 34.)

Comment expliquer les directions de l’écriture ? Quelle est dans l’écriture l’action du cerveau ? Tels sont les deux problèmes auxquels s’est appliqué à la suite d’un travail duDr  Erlenmeyer le savant physiologiste de Genève.

Dans la plupart des écritures, on distingue trois âges : 1° celui de la représentation figurée des objets et des idées ; 2° celui de la représentation altérée et conventionnelle ; 3° l’âge de l’expression phonétique pure, des articulations de la voix. D’abord hiéroglyphique, l’écriture égyptienne par exemple s’est associé de plus en plus des éléments phonétiques pour devenir enfin purement alphabétique. Au contraire, l’écriture chinoise attend (et elle l’attendra longtemps encore, malgré les progrès de l’influence européenne) la dernière phase.

On sait également que de la représentation figurée des objets se sont développés dans l’ancien monde trois grands systèmes : l’écriture indo-germanique, l’écriture chinoise-japonaise, l’écriture sémitique. Ici, M. Vogt fait une réduction utile au point de vue physiologique. Dans l’écriture indo-germanique, les caractères se dirigent de gauche à droite, excepté dans le cas très spécial de l’écriture boustrophédon, dont les lignes sont dirigées tour à tour de gauche à droite et de droite à gauche ; dans l’écriture sémitique, les caractères se rangent de droite à gauche ; l’écriture chinoise procède par colonnes peintes de haut en bas et rangées de droite à gauche. Le sens de l’écriture sémitique et le sens de l’écriture chinoise-japonaise étant essentiellement centripètes, tandis que la direction de l’écriture indo-germanique est essentiellement centrifuge, on peut donc distinguer deux grandes classes d’écriture : les écritures centripètes et les écritures centrifuges.

D’où vient cette différence ? Elle ne préexistait évidemment pas dans les hiéroglyphes, puisque l’écriture hiéroglyphique court dans tous les