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ANALYSES. — Dr j. hoppe.Die Schein-Bewegungen.

mera, sur un tel sujet, une classification précise des diverses causes pouvant amener des illusions, et, en même temps, une démonstration méthodique de la liaison entre les effets observés et les causes dont l’action peut être constatée ou simplement supposée suivant les cas. Si c’est aller trop loin, on ne peut cependant lui contester le droit de réclamer un ordre d’exposition facile à suivre, et une méthode véritablement scientifique. L’un et l’autre nous ont paru faire défaut dans le livre de M. Hoppe. L’ordre laisse surtout à désirer ; l’auteur revient perpétuellement sur ce qu’il a dit, pour le reprendre, avec d’autres termes ; sous un autre point de vue, il laisse au lecteur le difficile travail de composer et de graver dans sa mémoire une formule complète et définitive. Quant à la méthode, elle n’est satisfaisante que dans un petit nombre de cas ; le plus souvent, les explications ne sont que des conjectures plausibles, les plus plausibles, si l’on veut, de toutes celles que l’on a faites ou même, peut-être, que l’on pourrait faire ; mais elles ne sont pas appuyées sur des preuves suffisantes pour entraîner la conviction.

Nous croyons, dès lors, devoir à notre lecteur moins une analyse détaillée du livre de M. Hoppe qu’une esquisse d’ensemble du sujet auquel il est consacré, et nous suivrons d’ailleurs, dans cette esquisse, un ordre tout différent de celui de notre auteur.

Avant tout, il ne faut pas confondre avec les illusions des sens la perception d’une fausse apparence, par exemple, celle du mouvement du soleil autour de la terre. En effet, nous ne voyons pas le soleil se mouvoir, son déplacement angulaire est trop peu rapide. Mais nous constatons qu’à différents moments de la journée il se trouve à différentes hauteurs, il occupe différentes positions par rapport à un système de points de repère que nous considérons comme fixes. Ainsi, en réalité, nous ne percevons pas son mouvement, nous le concluons.

Nos sens nous donnent, dans l’objet, exactement tout ce que nous pouvons leur demander ; c’est notre intellect qui, plus ou moins consciemment, peut faire, de l’effet à la cause, une induction illégitime.

Quand, à la différence du soleil, la lune, par rapport aux nuages également mobiles, donne lieu à de nombreuses et diverses illusions de mouvement, il y aurait évidemment tout d’abord à approfondir la question de savoir sous quelles conditions est directement perceptible un mouvement réel. Il est incontestable que pour un corps donné, suivant une trajectoire donnée, la situation de l’observateur étant également déterminée, il doit y avoir pour la vitesse sinon un minimum rigoureusement assignable, au moins certaines limites inférieures au-dessous desquelles le mouvement ne sera pas perçu, mais seulement conclu des déplacements relatifs observés après un temps plus ou moins long. Maintenant ce qui parait bien établi d’après le travail de M. Hoppe et ceux de ses précurseurs, c’est que la perception des déplacements, immédiatement au-dessus de ces limites, s’accomplit