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D’ailleurs, les analyses des météorites tombés des espaces célestes montrent qu’ils ne contiennent pas d’élément qui ne soit également contenu dans l’écorce terrestre. Quant à la constitution chimique des éléments qui sont au centre de la terre, éléments liquides ou solides, on est réduit à des conjectures. On sait seulement que la densité moyenne du globe terrestre est de 5,2.

Ainsi, comme conclusion générale, la matière nous apparaît discontinue, indestructible, incréable, formée de parties de diverse nature, identiques dans tout l’univers, sans qu’il soit jusqu’ici possible de ramener ces parties différentes à une même substance. Ces parties sont infiniment petites, douées de masse, obéissant aux forces naturelles (par conséquent pondérables), et animées de mouvements relatifs, incessants. Il est impossible d’isoler, et même de supposer isolées, ces parties infiniment petites, ou atomes. Leur existence est donc une pure hypothèse, mais une hypothèse légitime, en ce sens qu’elle permet d’expliquer tous les phénomènes observés.

II. — De la combinaison et des corps composés

L’expérience nous apprend qu’en général deux corps simples s’attirent mutuellement et tendent à former un corps composé, c’est-à-dire un système nouveau ayant des propriétés différentes. Ce nouveau système est ce qu’on appelle une molécule. Prenons par exemple un atome d’hydrogène et un atome de chlore. Ces deux atomes, par suite de leur attraction mutuelle, tendent à former un nouveau système complexe, qui est une molécule d’acide chlorhydrique. Par des actions convenables, on pourra de nouveau résoudre cette molécule en ses éléments et faire reparaître les deux atomes de chlore et d’hydrogène dont la réunion la constitue. On appelle le premier phénomène combinaison, et le second décomposition. Dans le premier cas, on a fait la synthèse ; dans le second cas, l’analyse de l’acide chlorhydrique.

Cette attraction des atomes entre eux n’est pas particulière aux atomes de diverse nature ; elle est aussi pour les atomes de même essence. Ainsi, de même qu’il y a une molécule d’acide chlorhydrique, de même il y a une molécule d’hydrogène. Cette molécule, au lieu d’être composée d’un atome d’hydrogène et d’un atome de chlore, est composée de deux atomes d’hydrogène. La molécule d’ozone est formée de trois atomes d’oxygène.

Il est probable que les atomes ne sont jamais libres, mais qu’ils