Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome IX, 1880.djvu/617

Cette page n’a pas encore été corrigée
607
F. - R.. — considérations sur la philosophie chimique

de l’atmosphère tenant en suspension de la façon la plus intime des particules de diverses natures, empruntées aux substances d’où on l’a dégagé. Quelques autres chimistes pensaient, au contraire, que chacun de ces fluides était une substance différente de l’air et possédant une individualité distincte.

Lavoisier soupçonna avant tous les autres, et démontra ensuite que l’air atmosphérique n’est pas une substance simple, et qu’il contient plusieurs fluides aériformes différents : s’appuyant en outre sur des expériences admirables, il montra que certains corps, dans quelques circonstances qu’on les place, ne changent jamais de nature, tandis que d’autres, dans les mêmes conditions, se dédoublent en des portions de matière de nature différente. Il créait ainsi la distinction des corps simples ou indécomposables, et des corps composés.

De même que Lavoisier admettait comme corps simples, ou plutôt indécomposables, certains corps composés, mais qu’on ne savait pas alors résoudre en leurs éléments, tels que la potasse, la silice, etc.[1], de même il est permis de supposer que certains corps considérés par nous comme des corps simples seront un jour, grâce à des moyens d’action plus perfectionnés, décomposés en leurs éléments. Cette notion de corps simples et de corps composés est donc purement expérimentale et relative à l’état actuel de nos connaissances.

En comparant les propriétés des différents corps simples, on reconnaît qu’elles présentent des analogies telles, qu’on peut les grouper en familles très naturelles. Gay-Lussac et Thénard avaient essayé de ranger les métaux en familles. M. Dumas a fait une classification analogue pour les métalloïdes. Il s’est fondé, comme on doit le faire pour toute classification naturelle, sur la comparaison simultanée de toutes les propriétés physiques et chimiques des différents corps simples.

Les quatre familles de métalloïdes établies par M. Dumas sont les suivantes :

1° Fluor (Fl), chlore (Cl), brome (Br), iode (I) ;

2° Oxygène (0), soufre (S), sélénium (Se), tellure (Te) ;

3° Azote (Az), phosphore (P), arsenic (As), auxquels on peut ajouter antimoine (Sb), bismuth (Bi) ;

4° Carbone (C), bore (Bo), silicium (Si), auxquels on peut ajouter titane (Ti), tantale (Ta), étain (Sn), zirconium (Zr).

Dans ces familles, les propriétés chimiques et physiques sont très analogues et suivent une progression continue et régulière.

  1. Lavoisier rangeait la lumière et le calorique parmi les corps simples.