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F. - R.. — considérations sur la philosophie chimique

Non seulement l’atome est indestructible, mais encore sa masse est constante. Considérons un atome quelconque ; appliquons-lui une force , également quelconque, cette force lui communiquera une accélération . Le quotient , c’est-à-dire la masse, sera constant, quel que soit . Si est la pesanteur, , est le poids ; d’où cette conclusion que le poids de l’atome est invariable. En généralisant, on arrive à cette conclusion que le poids absolu, ou plutôt la masse absolue, de la matière contenue dans l’univers, est invariable. Cette notion n’a été introduite dans la science chimique que depuis cent ans.

De ce fait qu’un atome donné possède une masse constante, infiniment petite mais non pas nulle, et qu’il est capable de mouvement, résulte une conséquence extrêmement importante, à savoir que toute variation de sa vitesse correspondra à une production ou à une absorption de travail. Cette faculté de produire du travail s’appelle énergie. L’énergie est cinétique, si l’atome est en mouvement ; elle est potentielle, s’il est en repos relatif. L’énergie totale est la somme des énergies cinétique et potentielle. Tout porte à croire que le repos absolu n’existe pas dans la nature, et que toutes les parties de la matière, depuis les corps célestes jusqu’aux molécules et aux atomes, sont animées de mouvements relatifs incessants. L’ensemble des phénomènes naturels se résume dans la transformation et la composition de ces mouvements, et, par suite, dans une production de travail, positive ou négative, due à la variation des vitesses. On admet aujourd’hui que ce tumulte de la matière est réglé par la grande loi de conservation de l’énergie, qu’on peut formuler de la manière suivante : « La somme des énergies totales est constante dans tout l’univers. » Ainsi, conservation de l’énergie, conservation de la masse, variation incessante des vitesses et du travail engendré, telle est la conclusion qui se dégage de l’ensemble des sciences physiques.

Il faut donc admettre que la matière est constituée par des atomes : on en vient alors à se demander si ces atomes sont tous identiques, ou s’il existe entre eux des différences. Or l’expérience nous a appris qu’il y a des corps constitués par des atomes différents, et d’autres corps constitués par des atomes identiques. C’est la notion, vulgaire maintenant, et qui domine toute la chimie, des corps simples et des corps composés.

Depuis Aristote jusqu’à Lavoisier, les savants et les alchimistes ont admis l’existence de quatre éléments, l’eau, la terre, l’air et le feu. Les écrits alchimiques sont très obscurs, et leurs énigmes près-