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F. - R.. — considérations sur la philosophie chimique

rétablie dans la science par Dalton. M. Clausius et les thermodynamistes allemands en ont fait la base de la théorie cinétique des gaz. Enfin, tout récemment, les expériences remarquables de M. W. Crookes lui ont donné un nouvel et solide appui.

Insistons de nouveau sur cette définition. Les atomes sont, comme nous venons de le dire, des infiniment petits. De même qu’en mécanique un corps peut être regardé comme un système de points matériels, c’est-à-dire d’éléments infiniment petits ; de même en chimie un corps peut être considéré comme un système de particules infiniment petites qui sont les atomes. Ces atomes, ces points matériels, sont doués de masse. Cela les distingue du point géométrique qui doit être pris comme une abstraction pure, tandis que les atomes de la chimie et les points matériels de la mécanique sont des réalités. On peut les regarder comme les points d’application des forces chimiques. À la vérité, ils ne sont ni tangibles, ni appréciables à nos sens ; mais leur réunion en nombre infini atteint des dimensions finies, et alors ils constituent la matière, telle que nos sens nous la font connaître.

Il faut remarquer toutefois qu’un système de deux ou plusieurs atomes (une molécule) peut avoir des dimensions finies ; car la distance qui sépare les particules infiniment petites peut être fort grande. Ainsi la terre et la lune sont extrêmement petites par rapport à la distance qui les sépare ; de même, l’intervalle qui sépare deux atomes d’hydrogène peut être extrêmement grand par rapport au volume de chacun de ces atomes d’hydrogène ; et la molécule d’hydrogène constituée par l’accouplement de deux atomes sera très volumineuse par rapport à chacun de ces atomes. Il en sera de même, à fortiori, pour les systèmes atomiques complexes, c’est-à-dire formés par la réunion d’un grand nombre d’atomes. Remarquons aussi que si l’atome est le point d’application des forces chimiques, la molécule, ou plutôt son centre de gravité est en général le point d’application des forces physiques, telles que la chaleur, la lumière. Il y a même des cas où un système de molécules sera influencé par la chaleur comme une molécule unique, entre certaines limites de température (Soufre à 500°, acide acétique, etc.).

On distinguait au xviiie siècle les particules constituantes (atomes et molécules) et les particules intégrantes, qui tantôt se confondaient avec les particules constituantes, tantôt résultaient de l’agrégation d’un certain nombre de ces dernières. Une pareille notion, tombée aujourd’hui en désuétude, mériterait peut-être d’être conservée, ne fût-ce que pour représenter la constitution de certaines vapeurs qu’on a appelées quelquefois anomales.