Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome IX, 1880.djvu/600

Cette page n’a pas encore été corrigée
590
revue philosophique

du monde qu’elles fournissent. L’auteur ne présente sa doctrine qu’à titre d’hypothèse fondée sur l’analogie. Il reprend, au fond, sous un nom différent, la tentative de Schelling et de Hegel. L’absolu de ces derniers devient, chez lui, l’imagination cosmique. Le principe de Frohschammer, en effet, ne peut être que l’absolu, l’âme universelle ; ou il n’est rien. — La critique des doctrines diverses qui s’inspirent de la monadologie s’attaque surtout à Leibniz, Herbart, Fichte le jeune, Moritz Carrière et Ulrici. L’auteur est beaucoup trop bref sur Fechner, Lotze, Drossbach et Bahnsen. IL termine par quelques brèves remarques sur les partisans que la monadologie a rencontrés parmi les savants, comme Preyer, Nægeli, Hæckel et Zœllner. On voudrait que Frohschammer se fût demandé si le système de Leibniz est le pur théisme ou un demi-panthéisme, une sorte de moyen terme entre le panthéisme et le théisme, dans le sens où la doctrine a été interprétée et développée par les principaux disciples depuis Lessing jusqu’à Lotze. L’auteur marque bien la différence qui sépare Herbart de Leibniz, les réalités absolues du premier des monades créées du second ; mais il ne fait pas ressortir l’insuffisance de la théologie de Herbart, qui n’a recours à Dieu que pour expliquer la finalité dans la nature. Il montre bien ce que Fichte le jeune doit à Leibniz et à Herbart : au premier, la représentation des monades ; au second, leur action mutuelle et directe. Mais, comme nous l’avons déjà dit, il ne fait pas à Lotze la part qui lui revient, comme au penseur, en qui la génération contemporaine salue son plus grand maître.

Leibniz : Traduction de ses principaux petits écrits parJ.-H.-v. Kirchmann, avec des éclaircissements (Leipzig, Koschny, 1879).

Signalons seulement, avec les instructifs éclaircissements qui accompagnent la traduction, la savante introduction, où Kirchmann insiste avec raison sur les rapports trop souvent méconnus de la doctrine de Kant avec la philosophie de Leibniz.

Joh. Migh. Tschofen : La philosophie d’Arthur Schopenhauer dans son rapport avec l’éthique. Munich, Ackermann. 1879. L’auteur se propose d’exposer et de réfuter les conséquences morales du système de Schopenhauer. Il traite d’abord de la liberté et de la prétendue constance du caractère ; de l’indépendance où la volonté est placée à l’égard de l’intellect ; de l’opposition qui existe entre le déterminisme brutal de Schopenhauer et la responsabilité morale ; enfin de l’insuffisance de la compassion comme principe de la moralité.

C. Schaarschmidt : Sur le prix de la vie. — L’athéisme, Heidelberg, Winter. 1879. Dans le premier de ces deux opuscules, Schaarschmidt soutient que la vie a son prix, malgré les objections du pessimisme. Il ne faut le chercher, sans doute, ni dans le bonheur, ni dans le plaisir sensible ; le pessimisme a décidément dissipé les illusions de l’optimisme. Mais la vie reste bonne, parce qu’elle suffit à l’accomplissement du devoir. Il n’est donné à personne, il est vrai, d’être pleinement vertueux, et les âmes sévères ne sont jamais contentes d’elles-mêmes. Mais il leur est