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périodiques.Archives de Physiologie.

moyens de les satisfaire ; qu’enfin les illusions de l’instinct, qui protègent encore tant de consciences ignorantes contre le désenchantement de la vie, cèdent insensiblement au progrès de la réflexion et des connaissances. Le présent est donc gros de menaces, que l’avenir se chargera de réaliser. Dira-t-on que, si la loi de la douleur progressive régit incontestablement notre terre, on n’est pas autorisé à conclure que l’univers entier y soit assujetti, et que la vie dans les autres corps célestes ne connaîtra pas des conditions meilleures ? Mais nous ne devons juger des autres mondes que par analogie avec le nôtre, et, là où nous constatons l’uniformité des lois physiques et chimiques, nous sommes autorisés à soutenir l’identité des lois psychiques. Qu’on n’imagine pas enfin que l’immortalité ouvre aux individus l’accès d’un autre monde, où les misères de la vie n’ont plus aucune prise. En admettant que cette existence transcendante, que ces espérances d’immortalité soient susceptibles d’être démontrées, il est déraisonnable de croire que la volonté puisse jamais échapper à la loi de sa nature, qui est de désirer, de se dégoûter et de souffrir. La conscience religieuse et morale, de l’humanité réclame impérieusement la vérité du pessimisme ; et son autorité suprême vient ajouter l’autorité qui leur manque toujours par quelque côté aux enseignements de l’expérience et de l’induction. Le désintéressement, le sacrifice, que la morale et la religion s’accordent pour imposer à l’individu, ne sont possibles, ne sont véritables qu’autant que la vertu ne se fait plus aucune illusion sur la vanité du bonheur et de l’espérance. Concluons donc sans hésiter que la vérité du pessimisme est au premier rang parmi les certitudes scientifiquement et philosophiquement démontrées.

Ribot : La psychologie allemande contemporaine. Paris, Germer Baillière. 1879. Le critique allemand commence par protester contre la méthode de la psychologie physiologique. Il n’admet pas la possibilité d’une psychologie sans âme. Suivent quelques remarques d’un herbartien, O. Flügel, sur la psychologie de Herbart, et sur le jugement qu’en porte Ribot. Malgré ces réserves, l’exactitude et la clarté du livre reçoivent un complet hommage.

E. Krey : Le concept et les limites de la philosophie. Greifswald, Kunike. 1879. L’auteur définit la philosophie avec Baumann une science « purement formelle », qui doit ramener à l’unité et appuyer sur la certitude absolue d’un premier principe les données multiples et relatives de l’expérience. Ce principe, c’est le moi de Fichte, le « moi pur ; mais n’est-ce pas retomber dans l’ancien dogmatisme, que l’auteur cependant condamne ?

Otto Busch : Arthur Schopenhauer (2e édition, complètement refondue). Munich, Bassermann. 1878.

Busch expose librement les doctrines de Schopenhauer. Il y voit le dernier mot de la science. Sans doute son admiration ne va pas jusqu’à lui faire approuver les défauts du caractère de son maître. Il se