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notices bibliographiques

J. Rambosson. Du mouvement psychique et du mouvement expressif. — Extrait du recueil des séances et travaux de l’Académie des sciences morales et politiques. — Paris, Alphonse Picard. 1880.

M. Rambosson considère l’âme, tout en tenant compte des différences, comme le principe qui anime l’homme et l’animal. L’âme a son siège principal, son centre d’action dans le cerveau proprement dit, et c’est là que se produit le mouvement psychique. Ce mouvement psychique est un « mouvement physiologique du cerveau qui accompagne immédiatement, spécialement, l’activité des facultés instinctives et intellectuelles, qui se manifeste simultanément avec cette activité, sans lequel cette activité ne pourrait avoir lieu dans les conditions actuelles de notre existence. » Ce mouvement exerce une certaine influence sur l’âme, et réciproquement l’âme agit sur lui et se sert du cerveau quand elle prend l’initiative de son action.

Ce mouvement psychique ne reste pas confiné dans l’organe, où il se produit ; il se transmet aux nerfs, aux muscles, et se manifeste à l’extérieur ; il devient ainsi mouvement physiologique, puis mouvement physique, et cela sans se dénaturer. « Il forme un langage naturel, comme les divers objets de la nature ; comme eux, il révèle spontanément l’idée dont il est l’expression, sans étude, sans convention préalable ; il suffit pour cela que ce mouvement psychique, devenu purement physiologique, puis physique en passant par ces milieux, redevienne de nouveau mouvement physiologique, puis psychique en se communiquant aux organes des spectateurs. » On voit ce qu’est le mouvement expressif. Ce mouvement est un mouvement vibratoire ordonné avec nombre, proportion, mesure et rythme. Il a un caractère spécial qui lui permet de faire naître à distance, après avoir passé par des milieux de natures diverses, des phénomènes physiologiques et psychiques identiques et analogues, lorsqu’il revient dans des milieux identiques ou analogues. C’est la transmission et la transformation du mouvement expressif qui, d’après M. Rambosson, expliquent la compréhension spontanée de la musique et des beaux-arts, la propagation des affections et des phénomènes nerveux expressifs, etc. Dans sa fonction la plus générale, dans ses relations avec les facultés instinctives ou intellectuelles, l’organisation n’est qu’un transmetteur et un transformateur de mouvements expressifs.

Le travail de M. Rambosson, parsemé d’ailleurs de faits curieux, empruntés aux physiologistes et qui témoignent de l’érudition de l’auteur, se lit avec intérêt. Sa généralisation des phénomènes de transmission me paraît bonne ; mais je ne pense pas qu’il ait entièrement expliqué cette transmission.

J’aurais encore des réserves à faire sur la partie philosophique du travail que j’examine, partie qui d’ailleur6 n’est pas étroitement liée à la partie psychologique. « S’il a été démontré, dit M. Rambosson, que tout ce que l’on peut appeler les antécédents et les conditions de la pensée ne peut être sans le cerveau, il ne l’a pas été que la pensée