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M. Mantegazza, que cette diminution de température tient à une contraction des vaisseaux sanguins de la périphérie. Heidenhain, reprenant la question à un autre point de vue que M. Mantegazza, à vérifié le même fait, et démontré que l’excitation d’un nerf sensitif diminue la température de 0, 2 par minute, en moyenne, et jusqu’à une certaine limite.

2° La douleur agit aussi sur les mouvements du cœur. Elle peut, lorsqu’elle est intense, ralentir le cœur au point de produire la syncope. En général la douleur diminue la fréquence des pulsations cardiaques. Chez les grenouilles, en électrisant fortement les nerfs sensitifs, on ralentit le rythme du cœur. Ce ralentissement s’observe aussi lorsque l’encéphale est enlevé. Chez le lapin, le rat, la poule, les excitations douloureuses ont le même effet, et on peut mesurer avec une très grande précision l’intensité de la douleur par la diminution de fréquence des contractions cardiaques. Chez les animaux rendus insensibles par les anesthésiques, l’excitation des nerfs sensitifs ne retentit plus sur le cœur. La section de la moelle abolit complètement cette action des nerfs sensitifs périphériques excités sur le cœur, ce qui permet de conclure que l’excitation chemine aux centres par la moelle, et non par le grand sympathique. Chez l’homme, quoiqu’il y ait quelquefois diminution, quelquefois augmentation de fréquence dans les mouvements du cœur, il y a toujours, sous l’influence d’une forte douleur, une modification du rythme cardiaque et un changement dans la forme du pouls, changement appréciable au sphygmographe, et dû, selon toute vraisemblance, à l’augmentation de la pression du sang dans les artères.

3° La douleur augmente la fréquence des mouvements respiratoires. Cependant, par exception, on observe des phénomènes d’arrêt : il arrive même quelquefois qu’une vive douleur supprime et arrête les mouvements respiratoires. Très souvent le rythme devient irrégulier, les mouvements étant tantôt rapides, tantôt lents, et les inspirations successivement courtes et profondes. L’influence de la douleur sur la respiration est d’ailleurs plus fugace que sur le cœur. Il y a aussi une diminution notable dans la quantité d’acide carbonique exhalé, ce qui paraît dû, moins à un changement de rythme qu’à un ralentissement réel des combustions interstitielles.

4° La douleur diminue l’appétit, ralentit la digestion stomacale, la trouble même au point de provoquer des vomissements et de la diarrhée. Elle agit sur la nutrition générale d’une manière fâcheuse, et finit par amener une extrême débilité de l’animal. Elle arrête les sécrétions lorsqu’elle est très intense, et lorsqu’elle est plus faible, les ralentit.

Telles sont, résumées aussi brièvement que possible, les conclusions des expériences de M. Mantegazza. L’exactitude des faits est indiscutable ; car les expériences ont été faites avec le plus grand soin ; elles sont très nombreuses, très bien conduites, et il faut sans