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ANALYSES ET COMPTES RENDUS




Paolo Mantegazza. — Fisiologia del dolore. Florence, 1880.

Il n’est pas commun de trouver, parmi les livres — assez rares d’ailleurs — qui traitent de la douleur, des faits d’observation et non des déclamations sur la misère de l’homme. Cependant, s’il est une question que l’expérience puisse éclairer, assurément c’est la douleur. Peu d’études d’ailleurs sont susceptibles d’avoir autant d’attrait. La douleur, c’est le mal : c’est peut-être même le seul mal, si, par un effort généreux, contraire à notre nature égoïste, nous n’envisageons pas seulement notre propre douleur, mais encore la douleur d’autrui. Aussi faut-il accueillir avec une sorte de reconnaissance les tentatives faites pour mieux connaître les conditions qui déterminent la douleur, cette loi fatale de la destinée des êtres. Les savants italiens semblent traiter avec une sorte de prédilection cette question. Il y a déjà plusieurs années, un physiologiste italien, M. Lussana[1], a publié sur la douleur d’intéressantes recherches. Nous en avons parlé ici même[2], et il est inutile d’y revenir. Voici maintenant un compatriote de M. Lussana, M. Paolo Mantegazza, qui, après avoir étudié la physiologie du plaisir[3], étudie la physiologie de la douleur.

La première partie du livre de M. Mantegazza est consacrée à l’étude physiologique des effets de la douleur sur les divers organes et sur les différentes fonctions de l’organisme. Ces recherches de physiologie expérimentale sont extrêmement intéressantes. Si l’on excite, en pinçant la peau ou en électrisant les troncs nerveux, la sensibilité d’un lapin, d’un chien, d’un cochon d’Inde, de manière à lui faire éprouver de la douleur, on verra survenir différents phénomènes.

1° La température diminue. Chez le lapin, cette diminution a été de 0°,68 à 2°,48, en moyenne de 1°,27. Cet abaissement se fait sur-le-champ, mais il n’atteint son maximum que dix à vingt minutes après que la douleur a cessé. L’abaissement de température peut durer une heure et demie, et même plus. Il est probable, ainsi que l’admet

  1. Fisiologia del dolore, osservazioni et ricerche del dottor Filippo Lussana, Milan, 1860, et Sui movimenti del dolore : schizzo di Fisiologica artistica, litteraria e medica, in la Scuola medica Salernitana, Salerne, sept. 1874, p. 41-52.
  2. Étude sur ta douleur. Revue philosophique, t. IV, p. 460.
  3. Fisiologia del piacere, 7e édit., Milan, 1877.