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périodiques. — La filosofia delle scuole italiane.

effets de l’excitation dépend uniquement des organes auxquels les nerfs aboutissent. Il en fut de même des expériences tentées pour établir une différence physiologique entre les cordons de la moelle. Les expériences de Schiff ne paraissent pas concluantes à Wundt, pas plus qu’à Béclart. La théorie de Bell n’a donc, conclut M. Panizza, de raison d’être ni pour les racines ni pour les cordons. En d’autres termes, la physiologie, qui était nécessairement amenée par le concept de la double transmission à assigner des voies distinctes aux impressions sensitives et aux impulsions motrices, n’a pu par aucun moyen démontrer dans le système nerveux l’existence de ces différentes voies.

Un troisième article est consacré à l’étude des mouvements réflexes, invoqués eux aussi en faveur de la théorie de la double transmission. On a cru d’abord que ces mouvements ne pouvaient s’accomplir qu’en trois phases distinctes, c’est-à-dire que l’excitation, transmise au ganglion nerveux, y devait être élaborée et changée en une impulsion motrice ; bref, on a conçu l’activité nerveuse ganglionnaire sur le modèle de l’activité nerveuse cérébro-spinale. De là la théorie de l’arc sensitivo-moteur. Mais on s’est aperçu ensuite que le ganglion pouvait être directement excité, puisqu’il n’était pas indispensable à l’excitation et que deux nerfs unis par anastomose pouvaient agir l’un sur l’autre sans son intermédiaire ; enfin que le rôle du ganglion était purement nutritif. Il n’est pas le siège de la sensibilité ; il n’a pas le rôle distinct qu’on attribue suivant la théorie de la double transmission au système nerveux central ; il n’est pas plus spécialement chargé de l’élaboration de la sensibilité réflexe, que ceux-ci ne le sont de l’élaboration de la pensée dans l’activité volontaire. Les mouvements réflexes en général ne sont donc pas en harmonie avec les idées que l’on s’est faites à priori sur les fonctions du système nerveux ; ce n’est pas en eux qu’il faut chercher l’exemple de cette activité, qui aboutit à un centre pour en repartir ensuite, pure hypothèse démentie par les faits.

On se demandera comment le Dr Panizza conçoit et propose au lecteur de concevoir les fonctions du système nerveux. C’est ce que nous n’avons pas encore pu deviner dans cette première série d’articles. Il ne suffit pas de dire que le système nerveux est un réseau. On se demandera aussi à quelle conclusion philosophique ces études conduisent : il nous semble que le but de l’auteur, soigneusement dissimulé jusqu’ici, est d’établir que la conscience n’a pas pour siège les organes encéphaliques, mais est diffuse dans le système tout entier ; que par conséquent l’activité psychique n’est pas liée, comme on le pense, aux fonctions des centres nerveux. Que tel soit le motif qui a déterminé la direction de la Revue à recevoir, contre ses habitudes, de longues analyses de physiologie, c’est ce que nous n’affirmons pas ; nous suggérons cette explication comme une simple conjecture. Quoi qu’il en soit, les articles sont clairs, vivement menés, pleins de faits puisés aux bonnes sources ; ils viennent d’un écrivain de talent, dont la compétence ne saurait être révoquée en doute. Que l’on goûte ou non les