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ayant été longuement étudié dans la Revue philosophique, nous y renverrons le lecteur (voir les numéros de décembre 1878 et de février 1879).

M. A. Bain continue et termine son étude biographique de Stuart Mill (3e et 4e articles). Elle comprend la partie la plus intéressante de la vie de Mill, depuis l’époque où il entra en relation personnelle avec Bain (1839) jusqu’à sa mort. Cette période comprend la publication de la Logique, du Traité d’économie politique et de la plupart de ses ouvrages importants. La monographie de M. Bain contient beaucoup de détails curieux. Relevons simplement ce passage relatif à l’éthologie ou science du caractère, dont il est question, comme on le sait, au dernier livre du System of Logic. Bain nous apprend que Stuart Mill avait médité un ouvrage sur ce sujet « pour lequel il avait une tendresse de père. » « Toute sa vie, il fut possédé de cette idée que les différences du caractère individuel et national étaient dues à des accidents et à des circonstances qu’il était possible de maîtriser. Il ne voulait pas admettre entre les hommes, à la naissance, des différences fondamentales. » Je crois, ajoute Bain, qu’il n’y a rien à faire dans la direction qu’il suivait.

E. Montgomery. La qualité dans ses rapports avec les énergies spécifiques. — Article destiné à combattre la théorie de l’indifférence fonctionnelle des éléments nerveux, soutenue principalement par Lewes et Wundt. Dans l’histoire de la physiologie, il y a peu de découverte aussi importante que celle de Haller sur l’irritabilité propre du tissu musculaire. Le mouvement fut ainsi reconnu comme une propriété immanente d’un tissu vivant. Cette découverte conduisit aussi à attribuer la sensibilité à la substance nerveuse. La sensation et le mouvement étant ainsi juxtaposés, l’antique énigme de l’univers se trouva réduite au fait d’un simple filament organique, moteur à un bout, sensitif à l’autre. C’est là ce que la physiologie nous offre comme sa contribution personnelle à une réconciliation du réel et de l’idéal. — Mais, dans l’évolution du monde, quel est le fait fondamental : mouvoir ou sentir ? Au fond, la question est un conflit entre l’aspect quantitatif et l’aspect qualificatif de l’existence. La qualité est-elle le résultat d’une différence dans l’addition numérique et la position d’unités qualitativement égales ? Est-elle une pure fonction de la quantité ? Ou la quantité est-elle elle-même une espèce de qualité primitive ? Tel est le problème, et à la première affirmation correspond la doctrine des énergies spécifiques ; à la seconde, la théorie de l’indifférence fonctionnelle.

Cette dernière théorie énoncée d’abord par Lewes dans sa Physiology of common Life, a été reprise par des physiologistes français et plus récemment par Wundt dans sa Physiologische Psychologie. Les raisons scientifiques de cette hypothèse sont : 1° la foi dans la science quantitative ; 2° l’effort pour donner une base intelligible à l’évolution continue des divers modes de sensation ; 3° le désir de mettre en harmonie le stimulus objectif avec son effet subjectif. — L’auteur fait remarquer que l’hypothèse de l’indifférence fonctionnelle