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unité ; tandis que chez les contemplatifs, comme dans la majorité du genre humain, la fusion est imparfaite. « Par suite, les hommes d’action conçoivent leur propre activité par analogie avec les grandes forces de la nature ; les contemplatifs personnifient une volonté abstraite, indépendante de ses conditions. » Il est d’ailleurs bien entendu que, dans l’acte libre, il n’y a aucune espèce d’énergie créée et « que le pouvoir du libre arbitre est limité et transitoire ». Ce n’est d’ailleurs pas la plus haute liberté. Le libre arbitre surmonte les obstacles, tranche les perplexités ; « mais l’action parfaite procède d’une nature plus haute dans laquelle l’expérience a traversé le raisonnement pour devenir intuition et dans laquelle le désir a traversé le libre arbitre pour devenir amour. »

Des rapports entre la raison et le beau, par Edmond Gurney. — Les mots loi, ordre, régularité sont la clef de toute discussion scientifique ; on a été amené naturellement à les employer toutes les fois qu’on a voulu traiter scientifiquement les problèmes de l’esthétique. Mais il y a à une confusion, une équivoque contre lesquelles l’auteur proteste. « Le beau, dit Helmholtz dans le dernier chapitre de son livre sur La théorie des sensations auditives, est soumis à des lois et à des règles dépendantes de la nature de l’intelligence humaine. » Cela est vrai, dit l’auteur, mais, en général, mal compris et mal appliqué. La plus grande partie de l’article est consacrée à critiquer l’assertion de Helmholtz, du moins dans le sens qu’il lui donne. M. Gurney l’examine particulièrement dans son application à l’architecture et à la musique. Nous transcrivons sa conclusion : « Les idées indéfinissables d’expansion et d’infini qui semblent caractériser les plus hautes émotions esthétiques ne sont pas nécessairement liées aux principes posés par Helmholtz. Il me semble que la conception vague (the surmise) n’est pas celle d’un ordre et d’un arrangement infini dans l’objet contemplé, — faits objectifs qu’une intelligence croissante doit comprendre de mieux en mieux, — mais des puissances infinies dans le sujet même, — faits subjectifs que les fenêtres de l’âme s’ouvrant un moment permettent d’entrevoir dans quelques expériences. L’unité ainsi entrevue n’est pas une unité de loi ou de plan cachée dans une œuvre spéciale, mais une unité générale dans la catégorie de phénomènes qui nous causent des émotions élevées correspondant à l’unité persistante de notre propre moi. »

Shadworth H. Hodgson. Sur la causalité. — La métaphysique phénoméniste de l’auteur a été déjà exposée plusieurs fois ici. C’est au même ordre de spéculation qu’appartient le présent article. On considère ordinairement la notion de cause comme consistant en deux choses essentielles : la notion du pouvoir ou d’efficace ; l’ordre ou la règle suivant laquelle ce pouvoir agit. L’auteur examine : 1° ce que la notion de cause renferme logiquement, en supposant qu’elle soit valable ; 2° en quoi consiste cette validité et quelle en est la portée.

Carveth Read. La philosophie de la réflexion. — C’est une exposition critique du livre de M. Hodgson qui porte ce titre. L’ouvrage