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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS




MIND

October 1879 — January 1880.

A. Lang. Max Müller et le fétichisme. — Quelle est la vraie place du fétichisme dans l’histoire de l’évolution religieuse ? Les uns le mettent au début ; d’autres y voient « une corruption de la religion ». C’est cette dernière thèse qui est soutenue par Max Müller dans son livre : On the origin and Growth of Religion, etc. — L’auteur de l’article rejette cette conclusion, ainsi que la doctrine générale de Max Müller qui fait dériver la religion du sentiment de l’infini. Pour M. Lang, c’est de l’idée de puissance, de pouvoir, que les religions sont sorties : les premières religions sont égoïstes, intéressées. Il reprend sur beaucoup de points les assertions contenues « dans l’admirable livre Le culte des dieux fétiches, par de Brosses (1760) » et s’en sert pour combattre Max Müller, dont la polémique lui paraît vague : « On ne sait pas à qui il en veut. Parfois, il semble attaquer la théorie d’Auguste Comte, qu’aucun anthropologiste, que je sache, ne soutient plus. Mais il est tout différent de dire que le fétichisme est une forme primitive de religion et que c’est le commencement môme de toute religion. » — En résumé, les arguments de Max Müller contre le caractère primitif du fétichisme semblent établir le contraire de ce qu’il veut prouver. De plus, ses preuves, il les tire non d’une société primitive, mais d’une société relativement cultivée, celle des Védas.

Simcox. Une théorie empirique du libre arbitre. — Article d’une dialectique déliée, qui conclut en faveur de la liberté, mais dans un domaine très restreint. L’auteur examine les cas où nos actions sont pour ainsi dire purement réflexes ; où elles résultent de nos désirs, lesquels sont comme des forces fatales ; où elles résultent d’un conflit entre des désirs opposés. Il n’accorde pas de valeur objective au témoignage de la conscience. « Les gens faibles ou irrésolus, comme Johnson, Coleridge, ou sujets à des distractions, comme Maine de Biran, ont une confiance remarquable dans la conscience de leur libre arbitre, tandis que les grands hommes d’action, comme César, Napoléon ou même Wallenstein et Cromwell, sont souvent fatalistes. Il est clair que chez les grands hommes d’action les deux facteurs de l’activité humaine dérivant de la nutrition et de l’expérience sont fondus en une parfaite