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NOTES ET DOCUMENTS


LA MÉMOIRE ET LE PHONOGRAPHE


Le raisonnement par analogie a une importance considérable dans la science ; peut-être même, si l’analogie est le principe de l’induction, fait-elle le fond de toutes les sciences physiques et psycho-physiques. Bien souvent une découverte a commencé par une métaphore. La lumière de la pensée ne peut guère se projeter dans une direction nouvelle et éclairer des angles obscurs qu’à condition d’y être renvoyée par des surfaces déjà lumineuses. On n’est frappé que de ce qui vous rappelle quelque chose tout en en différant. Comprendre, c’est, du moins en partie, se souvenir.

Pour essayer de comprendre les facultés ou mieux les fonctions psychiques, on a usé de bien des comparaisons, de bien des métaphores. Ici en effet, dans l’état encore imparfait de la science, la métaphore est d’une nécessité absolue : avant de savoir, il faut commencer par nous figurer. Aussi le cerveau humain a-t-il été comparé à beaucoup d’objets divers. Selon M. Spencer, il a quelque analogie avec ces pianos mécaniques qui peuvent reproduire un nombre d’airs indéfini. M. Taine en fait une sorte d’imprimerie fabriquant sans cesse et mettant en réserve des clichés innombrables. Mais tous ces termes de comparaison ont paru encore un peu grossiers. On prend en général le cerveau à l’état de repos ; on y considère les images comme fixées, clichées ; ce n’est pas exact. Il n’y a rien de tout fait dans le cerveau, pas d’images réelles, mais seulement des images virtuelles, potentielles, qui n’attendent qu’un signe pour passer à l’acte. Reste à savoir comment se produit ce passage à la réalité. C’est ce qu’il y a de plus mystérieux, c’est dans le mécanisme cérébral la part réservée à la dynamique par opposition à la statique. Il faudrait donc un terme de comparaison où l’on vît non seulement