Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome IX, 1880.djvu/267

Cette page n’a pas encore été corrigée


DE LA LOI DE SIMILARITÉ

DANS LES ASSOCIATIONS D’IDÉES



La plupart des psychologues reconnaissent deux lois de l’association des idées. « Pour nous, dit Stuart Mill[1], les lois de l’association des idées sont les suivantes : 1° les idées des phénomènes semblables tendent à se présenter ensemble à l’esprit ; 2° quand les phénomènes ont été, ou expérimentés, ou conçus en contiguïté intime l’un avec l’autre, leurs idées ont de la tendance à se présenter ensemble. » M. Bain distingue pareillement la loi de contiguïté et la loi de similarité[2] ; même dans les passages où il montre comment ces deux lois sont pour ainsi dire engagées l’une dans l’autre, il ne cesse pas de les opposer l’une à l’autre[3].

Si en formulant la loi de ressemblance on voulait dire seulement que les états de conscience passés peuvent se reproduire à un moment donné, de telle sorte que les états actuellement reproduits soient semblables aux états passés, il est clair qu’on exprimerait non une loi particulière de l’association des idées, mais une loi générale qui s’applique à la mémoire et à l’habitude, qui embrasse tous les cas possibles, y compris les rapports de contiguïté : on n’aurait par conséquent pas le droit de distinguer la loi de similarité de la loi de contiguïté, et de la lui opposer, de même qu’on n’oppose pas un genre à une de ses espèces. En réalité, quand on parle de la loi de similarité, on veut dire qu’une sensation ou idée actuelle réveille une sensation ou idée antérieure, par cela seul qu’elle lui est semblable, et alors même qu’elle n’aurait pas été donnée, en fait, en même temps qu’elle. Hamilton[4] raconte que le Ben Lomond avait la propriété de le faire penser au système d’éducation prussien, parce qu’un jour, au sommet de cette montagne, il avait rencontré

  1. Philos.. de Hamilton, trad. Cazelles, p. 212. — Cf. Ribot, la Psychol. Angl. contemporaine.
  2. The sensés and the intellect, intell. ch. I.
  3. To a mathematical student this would be made at once intelligible by saying that, in the former chapter, the Contiguity is assumed as the variable élément, and the Similarity the constant, in this chapter, Similarity is supposed variable and Contiguity constant. (Ibid., ch. II, note.)
  4. Lectures on metaphysics, I, 352.