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Platon, et avant tout un esprit libre, ouvert aux idées originales de tout temps, même du présent.

A. Debon.

Simonin (Amédée). Histoire de la psychologie (Paris, Didier 1879).

M. Amédée Simonin, auteur d’un Traité de psychologie dont la Revue philosophique a rendu compte (juin 1877), décrit, dans son Histoire de la psychologie, ce qu’il appelle les trois crises psychiques de l’humanité : à la première correspond l’histoire de la philosophie ancienne, à la seconde le mouvement de la Renaissance ; la troisième est la crise actuelle. Cette histoire prouve deux choses, selon M. Simonin : 1° que tous les hommes ont toujours cru à l’existence de Dieu ; 2° que tous les philosophes ont voulu d’emblée trouver les premiers principes parle même moyen, qui est le fil de l’erreur, et qui consiste à rechercher les lois psychiques en restant sur le domaine du monde physique. — Avant M. Simonin, paraît-il, on ne s’était pas avisé que, pour connaître Dieu, il faut étudier l’âme humaine : M. Simonin s’en étonne et s’en indigne. C’est d’ailleurs chez lui une croyance fervente qu’avant lui on n’a rien trouvé, ce qui s’appelle rien, en psychologie. La dispute entre l’idéalisme et le sensualisme a arrêté tout progrès dans cette science. Socrate, Platon, Aristote, Descartes, Spinoza, Locke, Hume, Dugald Stewart, Leibnitz, Kant, Darwin, Aug. Comte, etc., etc., ont tous abouti au même naufrage ; après eux, la psychologie reste à faire : résultat d’autant plus funeste que, au dire de l’auteur, le sens moral s’atrophie, le nombre des crimes augmente, les sentiments de famille vont s’amoindrissant ; bref, il y aurait tout lieu d’être désespéré, si M. Simonin ne nous annonçait qu’il a découvert ces bienheureuses lois psychologiques, que « tant de belles intelligences » ont laissé échapper : de là doit sortir notre, salut, si toutefois il n’est pas trop tard.

Sérieusement, l’auteur ne semble pas posséder à un degré suffisant les qualités que réclame l’histoire de la philosophie. Il a beaucoup lu, la chose est certaine ; non content de feuilleter les philosophes, il a interrogé l’égyptologie, la géologie, la paléontologie et la psychologie préhistorique ; il cite un grand nombre d’auteurs, et de toute sorte : sous sa plume, pêle-mêle, se pressent, un peu surpris sans doute de se rencontrer, M. Broca, Voltaire, Zimmermann, Moleschott et M. Martial Delpit, membre de l’Assemblée nationale en 1872. Avec cela, M. Simonin n’est pas un historien. Son érudition, plus étendue que solide, est indigeste : et puis, et surtout, il voit de si haut les philosophes dont il veut bien s’occuper ! il est si convaincu de leur extravagance ou de leur pauvreté d’esprit ! il dédaigne ceux-ci, et il injurie ceux-là. Il dénonce le « piteux bilan psychique » de Leibnitz, et il traite Mme Ackermann de « nouvelle Furie ». En somme, il n’a rien, ou peu