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stituent notre vie animale (mouvements et instincts, sensations, souvenirs…), pour s’élever à celles qui font la vie humaine proprement dite et constituent la personne. Ces changements notables en entraînent d’autres dans tout le détail.

Jusqu’à quel point ils marquent un changement réel dans la méthode de l’auteur ou dans sa doctrine, nous ne pouvons le rechercher ici, et ce n’est pas à propos d’un traité scolaire qu’il serait juste de se le demander. Mais nous croyons savoir que ce traité n’est que le prélude d’un grand ouvrage en plusieurs volumes, par lequel M. Janet se propose de couronner en quelque sorte sa carrière philosophique, et où il coordonnera pour le grand public tous les problèmes philosophiques, toutes les discussions ouvertes, toutes les solutions dès aujourd’hui certaines et définitives, selon lui. À mesure que ces volumes paraîtront, la Revue philosophique les signalera. Elle se réserve d’apprécier alors la part faite par M. Janet aux sciences positives, et sa situation au milieu des écoles contemporaines.

Henri Marion.

Alfred Fouillée. — Histoire de la philosophie. Deuxième édition, revue et corrigée. Delagrave. 1879.

Un livre de ce genre n’est d’ordinaire qu’une œuvre d’érudition ; celui-ci est aussi une création personnelle. S’il ne s’agissait que de résumer ou d’interpréter les textes anciens et modernes, une compilation des nombreuses monographies publiées sur la matière en Allemagne et en France serait l’idéal ; et certes notre siècle, avide de recherches exactes, est mieux que les précédents préparé à ce genre d’effort. Les essais de cette nature n’ont cependant obtenu, même chez nos infatigables voisins, qu’un médiocre succès auprès du public ; la moyenne des lettrés hésite à dépouiller la Geschichte der Philosophie en onze tomes de Tennemann, ou les douze volumes de Ritter. Mieux vaut tout de suite aller aux sources, ce que ne peut faire le gros des lecteurs. Obéissant aux exigences du public français, M. Fouillée, dans cette œuvre de vulgarisation, nous donne une esquisse large et compréhensive du développement philosophique, où les systèmes dans ce qu’ils ont de plus profond et de plus subtil sont résumés avec habileté, où l’enchaînement et la progression des doctrines s’éclairent à la lumière des plus hautes conceptions morales.

Il nous plairait de signaler aux amis des études philosophiques en France le progrès réalisé par l’ouvrage de M. Fouillée, sous le rapport de l’abondance et de l’interprétation exacte des matériaux exploités, de la connaissance familière des textes originaux, bien que l’auteur évite le trompe-l’œil des notes et des citations accumulées au bas de la page. Ceux-là seuls qui ont pu comparer cette Histoire avec les publications de même ordre parues chez nous jusqu’à présent compren-