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analyses. — b. saint-hilaire. De la Métaphysique.

choses. » Cependant le philosophe doit de nos jours se garder aussi bien de l’orgueil que du scepticisme. « C’est bien toujours l’ensemble des êtres et la totalité de l’Être qu’il essaye de comprendre ; mais, en face de l’infinité de l’absolu, il ne sent que trop vivement son infirmité relative. » Il ne peut plus songer à imposer aux autres ses solutions.

Il faut qu’il donne son admiration à la science, à la religion son respect. Le christianisme domine toutes les autres religions à une incommensurable hauteur. Ce qui doit surtout lui assurer l’estime du philosophe, c’est que, sur tous les problèmes que la métaphysique agite, le christianisme a des solutions. Souvent le philosophe les acceptera ; pour avoir le droit de les repousser, au moins faut-il qu’il en ait pris connaissance. « Ou il faut proscrire toutes les religions, ce qui est un insupportable mépris de l’humanité, ou il faut écouter celle-là et la vénérer plus que toutes les autres. »

Quant aux sciences, leurs envahissements et les perspectives indéfinies qui s’ouvrent devant elles ne sont pas pour troubler le philosophes. Il sait dès longtemps les bornes qu’elles ne franchiront pas. Il sait aussi que « la philosophie a moins besoin des sciences que les sciences n’ont besoin de la philosophie. Les maîtres de la sagesse ont apparu dans des temps où les sciences étaient à peine écloses. Les sages n’en ont été ni moins éclairés ni moins utiles. Il est à douter que Newton ait admiré les cieux plus que ne le faisait David, et personne encore parmi les astronomes n’a surpassé en enthousiasme les psaumes du roi-prophète. »

M. Barthélémy Saint-Hilaire, termine son livre en affirmant que toutes les philosophies actuelles, française, anglaise, italienne, allemande, américaine, malgré des dissemblances très notables, s’accordent au fond et auront même destinée, comme elles ont eu même origine, la discipline scolastique, que Paris avait enfantée, et la sagesse cartésienne, si éminemment française. Il est à espérer que nous ne nous en départirons pas. c La philosophie a été la même, ou peu s’en faut, à toutes les époques. Sa nature n’a pas essentiellement varié. Le seul progrès, c’est que la conscience qu’elle en a eue a été plus ou moins complète, jusqu’à ce qu’enfin elle en arrivât à la splendeur cartésienne, que nulle autre ne peut dépasser et qui ne doit plus s’éteindre. Le passé de la philosophie nous répond de son avenir, et cette pérennité que lui souhaitait Leibnitz, elle l’a toujours possédée. Quoi qu’il puisse survenir, elle en jouira à jamais, appui le plus solide de la raison humaine, son honneur suprême, et son salut, aujourd’hui comme jadis, dans les siècles futurs, aussi bien qu’elle l’a été dans les siècles écoulés. »

Telles sont les conclusions de M. Barthélémy Saint-Hilaire. Comme on le voit, son livre est un triple panégyrique, d’Aristote, de la philosophie, du cartésianisme, et en présente tous les caractères. On a mauvaise grâce à disputer avec un panégyrique : cette sorte d’ouvrages a son but, ses conditions, sa mesure à part. Une analyse minutieuse