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nière dont s’exprime M. Allen, que les magnifiques Buprestes vivent sur les fleurs ; la grande majorité vit sous les écorces et parmi les détritus de troncs d’arbres. Il y a de très brillantes espèces de Longicornes ; ce sont bien des arboricoles ; mais, en dépit de la confusion que M. Allen tend à son insu à établir entre la vie sur les arbres et la vie par les fleurs, ils n’ont avec celles-ci aucun rapport. Les cantharides vivent sur les feuilles des frênes, le criocère rouge sur les feuilles du lis. Des coprophages sont vêtus des plus riches couleurs. Les nécrophores ne sont pas non plus déshérités sous ce rapport. En somme, si les cétoines sont de beaux insectes, rien n’autorise à croire que leur goût pour les fleurs en est la seule cause. Des hyménoptères carnassiers, comme l’ammophile des sables, comme les chlorions, fléau des blattes, comme les chrysidiens, ennemis des mellifiques solitaires, ont des teintes métalliques ou même des couleurs franches d’une grande intensité. L’explication de M. Allen au sujet de la robe obscure des abeilles est certes très ingénieuse, mais les mêmes causes n’ont pas empêché les guêpes, bien que ne fréquentant pas les fleurs, d’être plus coquettement parées. Des névroptères chasseurs ont des reflets de pierres précieuses. Il y a de superbes mantides et des sauterelles à ailes rouges et bleues (orthoptères). Enfin les papillons, bien que la loi proposée trouve en eux son application la plus large, ne laissent pas que de présenter quelques cas embarrassants. Quelques-uns des plus beaux d’entre eux, les mars et les sylvains d’Europe, plusieurs exotiques (Wallace, Tropical nature, p. 77) se posent plus volontiers sur les matières en décomposition et les excréments de mammifères que sur les pétales des fleurs. Si vous rencontrez en été, sur un chemin au milieu des champs, une plaque de boue infecte, vous y verrez presque toujours une troupe de jolis papillons bleus et bruns qui s’y sont donné rendez-vous. L’objection tirée des papillons qui ne mangent pas à l’état parfait garde à nos yeux une bonne partie de sa force, même après la réponse quelque peu obscure de M. Allen (p. 150). En revanche, il y a dés papillons qui sont passionnés pour le nectar, comme le sphynx Mora, et sont presque tout gris. Plusieurs d’entre les plus richement ornés ont des parties noires qui font vivement ressortir les autres couleurs. Chez quelques-uns même, le noir domine, et ce ne sont pas les plus laids (Arge Galathæa, Erebia Alecto). Les fleurs noires sont rares cependant. D’où viendrait, selon la théorie de l’auteur, ce goût des femelles pour les mâles à sombre livrée ?

Certaines araignées des pays tropicaux rivalisent avec les pierres précieuses. Elles vivent sur les fleurs, dit M. Allen. Ce n’est pas le cas du moins pour quelques-unes de nos Epeyres, merveilles de