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delbœuf. — le sommeil et les rêves

une ellipse. Seule la ligne droite, la ligne homogène, jouit de cette propriété que ses éléments sont en tout semblables à elle-même. Ses moindres portions ont exactement la même figure que le tout.

Pour comprendre la formation du germe, nous devons réduire le phénomène de la génération à sa plus simple expression et le considérer dans son mode le plus primitif, la fissiparité. Ce fut le seul mode usité chez les premiers êtres ; c’est encore aujourd’hui le plus répandu, si l’on songe au nombre incalculable des organismes inférieurs qui se multiplient par ce procédé et au nombre tout aussi inconcevable d’organes et de tissus qui n’ont pas d’autre façon de s’accroître. Car tout accroissement ou toute formation doit être envisagée comme une génération. Or comment se fait la multiplication par fissiparité ? L’organisme, arrivé à un certain point de maturité, se divise en deux moitiés, dont chacune, au bout de quelque temps, reproduit lu figure maternelle.

Nous ignorons à quelle cause il faut attribuer la division de l’organisme générateur. Notre œil — même en t’aidant des plus forts grossissements — n’y constate souvent aucun changement moléculaire. Nous devinons seulement qu’un certain travail préparatoire est nécessaire, puisque celte division ne se fait spontanément qu’après que l’organisme a atteint un certain degré de développement et qu’il a élaboré une certaine-quantité de substances étrangères.

Nous ignorons aussi pourquoi chaque moitié arrive à reproduire la figure du tout. Pourtant — le fait de la multiplication étant admis — nous concevons sans peine que la division d’un tout, pris dans une phase homogène, — je souligne le mot avec intention, — donne des parties semblables en figure à ce tout, et que, grâce à la nutrition, elles finissent par l’égaler en dimension et se diviser à leur tour. Gomme je l’ai dit, le mystère n’est pas éclairci, il n’est que réduit à sa plus simple expression.

À côté de ce mode si simple de propagation, il s’en est introduit un autre qui réclame le concours de deux individus. Au premier abord, il semble qu’il n’y ait rien de commun entre la sexualité et la fissiparité. Une réflexion assez naturelle peut combler l’abîme. Chaque moitié d’un organisme inférieur qui se multiplie par division doit, en dernière analyse, se compléter, et se compléter par une moitié différente d elle-même. Quand un être se divise spontanément, c’est qu’il s’est produit, il faut bien l’admettre, une opposition dans l’intérieur de sa substance, et que toute la masse est soumise à l’action de forces polarisées. Les deux moitiés ne sont donc pas identiques, malgré les apparences parfois contraires. Déjà, au point de vue uniquement géométrique, le corps, lût-il même symé-