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importants de la comparaison des races au point de vue de la somme et du caractère des sentiments élevés auxquels donnent lieu les rapports entre les sexes. Les variétés inférieures de l’espèce humaine éprouvent fort peu ces sentiments. Chez les races plus élevées, tels que les Malayo-Polynésiens, ces sentiments semblent considérablement développés ; on peut par exemple les observer dans toute leur force chez les Dyaks. En règle générale, ces sentiments semblent se développer à mesure que la civilisation augmente. On pourrait à ce sujet poser plusieurs questions : (a) Jusqu’à quel point le développement du sentiment sexuel dépend-il du progrès intellectuel ou du progrès de l’imagination ? (b) Quels sont les rapports de ce sentiment avec le progrès des émotions et surtout avec le progrès des émotions qui prennent leur source dans la sympathie ? Quels sont ses rapports avec la Polygamie et la Polyandrie ? (c) Ne pousse-t-il pas à la monogamie et n’est-il pas développé par elle ? (d) Quel rapport y a-t-il entre ce sentiment et la conservation du lien de famille et en conséquence avec la meilleure éducation donnée aux enfants ?


III.


Dans la troisième division de notre sujet, que nous pouvons aborder actuellement, se plaçant les caractères plus spéciaux des différentes races.

Imitation. — Un des caractères par lesquels les races inférieures s’écartent moins des actions réflexes que ne le font les races supérieures, est leur vive tendance à imiter les mouvements qu’elles voient et à répéter les sons qu’elles entendent, habitude presque involontaire chez elles et que les voyageurs ont la plus grande peine à empêcher. Cette répétition sans but et sans signification, qui semble impliquer que l’idée d’une action observée ne peut pas pénétrer dans l’esprit de l’observateur, sans tendre immédiatement à prendre la forme de l’idée conçue (et chaque acte idéal est une forme naissante de la conscience qui accompagne l’accomplissement de cet acte), s’écarte évidemment fort peu de l’acte automatique ; or, on doit s’attendre à ce que ce sentiment automatique diminue à mesure qu’augmente la puissance sur soi-même. Ce caractère de mimique automatique est évidemment allié à cette mimique moins automatique qui se traduit par une persistance plus grande des coutumes. En effet, l’adaptation par une nouvelle génération des coutumes de