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des sens et système nerveux ; conditions physiologiques des phénomènes mentaux ; les ouvrages de Mill, Spencer, Bain, Grote, etc.

Notice sur James Hinton, chirurgien connu par divers travaux philosophiques.

Le reste de la Revue est consacré à des analyses critiques, des renseignements, des faits et observations, des comptes-rendus, parmi lesquels nous signalerons une très-substantielle étude sur les Nouvelles lettres de Frauenstaedt, par J. A. Stewart, et un travail sur les Innovations logiques de Brentano, par J. Land.


JOURNAL OF SPECULATIVE PHILOSOPHY.
No I, Janvier 1876. Saint-Louis (Missouri).

L’esprit tout entier de l’article consacré par M. G. Morris à la Philosophie de l’art se résume dans cette phrase de Schelling qui lui sert d’épigraphe : « La Philosophie de l’art est le but nécessaire du philosophe qui voit en elle, comme dans un miroir magique et symbolique, l’essence intime de sa science. » L’auteur développe avec beaucoup d’habileté et d’élégance la thèse de l’art, parfaitement libre, étant sa fin à lui-même et révélant, sous la forme du symbole, la nature intérieure et réelle des choses. Cette théorie idéaliste sert de préambule à un jugement sur la « Philosophie de l’art » de M. Taine. Il est assez curieux de voir cet ouvrage bien connu de nos lecteurs, jugé par un disciple de Schelling. C’est une œuvre plutôt incomplète que fausse, dit l’auteur, et à ce titre, elle ressemble à la philosophie d’Herbert Spencer. « Il y a, en effet, deux manières de voir les choses : du dehors et du dedans. Par l’une de ces méthodes, nous ne faisons que percevoir des impressions et les coordonner suivant leurs rapports de simultanéité ou de succession. Par l’autre, nous cherchons à entrer dans la nature des choses, à comprendre ce qui les cause et constitue leur véritable être. » — « C’est pourquoi je considère l’œuvre de M. Taine, comme d’une valeur légère en tant que philosophie de l’art, comme d’une grande valeur et d’un grand intérêt en tant qu’histoire de l’art. »

Les mêmes tendances idéalistes se retrouvent sous une autre forme dans l’article de M. Watson sur l’Empirisme et la Logique commune. L’auteur reproche à l’empirisme de faire entrer nécessairement dans la connaissance un caractère de relativité qui dérobe la vraie nature des choses. Au syllogisme il reproche d’être, par son origine même, un nominalisme ; c’est-à-dire de s’occuper des mots, non des réalités concrètes. Quant à l’induction, « cette seconde forme de l’empirisme », elle repose sur les « uniformités aux lois de la nature. » Mais, si les uniformités dérivent, comme le veut Mill, d’association entre des états de conscience. Il est Impossible de fonder une induction valable sur un seul exemple.