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r. lépine. — les localisations cérébrales.

en correspondance qu’avec l’hémisphère gauche, c’est celui-ci qui fonctionne, quand nous voulons écrire, faire un geste, etc. Quoi d’étonnant, dès lors, qu’il fonctionne aussi de préférence quand nous voulons parler ? Et si l’hémisphère droit agit moins activement dans nos relations avec le monde extérieur, qu’y a-t-il de surprenant que les lésions de sa troisième circonvolution frontale soient quelquefois sans notable influence sur le langage. Quand elles produisent une aphasie très-prononcée, les sujets sont généralement des ambidextres ou des gauchers.

Bien que je ne puisse, faute de place, qu’indiquer ici les éléments de la discussion, et que je doive renvoyer pour les détails à un ouvrage plus complet sur la matière[1], la critique précédente aura peut-être suffi à montrer que les faits opposés à la doctrine de M. Broca ne sont pas probants, ou qu’ils constituent des exceptions inévitables qui confirment sinon la lettre, au moins l’esprit de la loi. C’est donc dans un point bien limité de la couche corticale, dans la troisième circonvolution frontale et plus spécialement dans celle du côté gauche, que se trouve localisée la faculté du langage. On verra dans un prochain article qu’à d’autres portions de l’écorce répondent des localisations non moins solidement établies.

R. Lépine,
Professeur agrégé à la faculté de médecine,
Médecin des hôpitaux de Paris.
(À suivre.)
  1. Voir notamment pour la littérature de l’aphasie envisagée au point de vue de la doctrine des localisations, mon travail sur les Localisations dans les maladies cérébrales, Paris, 1875. Une nouvelle édition, entièrement refondue, est sous presse.