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e. de hartmann. — schopenhauer et frauenstaedt.

de mon monde de phénomènes subjectifs, par conséquent uniquement comme fonction de ma volonté ; ce qui réduirait les forces de la nature à n’être qu’une fausse apparence, en tant qu’actions volontaires indépendantes. C’est pourquoi la théorie subjective idéaliste de la motivation de Schopenhauer réclame certainement une correction, non pas une correction qui en écarte le caractère idéaliste, mais qui l’élève de la sphère de l’idéalisme subjectif dans celle de l’idéalisme objectif. Cette correction seule assure une valeur incontestable au fondement métaphysique du réalisme de la volonté ; elle indique en même temps la transition d’un idéalisme restreint à un réalisme idéal dont toutes les parties s’harmonisent, et vers lequel notre époque tend évidemment, dans tous les domaines de la science. Frauenstaedt a franchi ce pas comme moi pour l’idéalisme subjectif de Schopenhauer en général. Si dans ce cas particulier il refuse de le franchir, il faut s’en étonner, d’autant plus qu’il soutient la valeur métaphysique de l’idéalisme objectif de Schopenhauer (ce que Bahnsen ne fait pas).

VI. — La généralisation de la conscience.

Si l’on veut établir sérieusement l’identité de la volonté à tous les degrés de la nature, et par conséquent aussi l’identité du processus de la manifestation de la force par l’intervention de motifs, excitations ou causes, il faut que l’obéissance à la cause occasionnelle de la part de la force, ou la perception de l’excitation, ou la conscience du motif soient également reconnues comme identiques à tous les degrés de la nature. Cette faculté de la force ou de la volonté de sentir ou de percevoir la cause occasionnelle (cause, excitation ou motif) de leur manifestation est « un sentiment » ou « une conscience » du motif ; ou, en d’autres termes, la généralisation de la volonté ou de la motivation de Schopenhauer entraîne à sa suite, comme conséquence nécessaire, la généralisation de la sensation ou de la conscience pour tous les degrés de l’objectivation de la volonté, et Frauenstaedt a parfaitement raison de faire vivement res sortir l’inévitabilité de cette conséquence que Schopenhauer indique seulement d’une façon timide.

Dans la Philosophie de l’Inconscient j’ai, en m’appuyant sur Leibniz, montré cette conséquence avant Frauenstaedt et Drossbach[1],

  1. Par exemple dans le chap. A. I pour les animaux et les organes centraux du système nerveux des hommes et des animaux ; chap. c, iv, 2 pour les animaux inférieurs, les protistes et les plantes ; dans le chap. c. iii. 1 et 2 (7e ii. 35 et suiv. 468 et suiv.).