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cule intitulé : « La science de la nature contre la philosophie, » — Mais Büchner oublie que Stiebeling est un pur empirique, qui proscrit sans pitié non-seulement toute métaphysique, mais encore toute philosophie, toute généralisation dépassant les strictes données de l’expérience, et par conséquent le matérialisme de Büchner lui-même. — Du reste Stiebeling est un médecin instruit, dont les objections contre les doctrines physiologistes de Hartmann sont sérieuses et semblent fondées ; dont la polémique modérée, en tout cas, contraste heureusement avec la violence des attaques parties du camp des matérialistes et dirigées par Fischer, Dühring, Klein, etc., par exemple, contre la philosophie de l’Inconscient. Dans un article final, Büchner revient sur le succès inespéré de son livre « Force et matière, » qui, de 1855 à 1872, a eu 12 éditions et a été traduit en plusieurs langues, pour conclure que le temps est à la philosophie matérialiste. Mais on peut lui objecter que la Philosophie de l’inconscient a obtenu un succès bien plus remarquable encore, puisque en 6 ans, de 1869 à 1875, elle est parvenue à sa 7e édition. Observons, dit en terminant le Dr  Hoffmann, que des études variées, qui remplissent le livre de Büchner, aucune n’est consacrée aux réfutations vraiment originales et importantes du matérialisme, qui sont sorties de la plume d’hommes comme Naumann, Weber, Reichenbach, Jacob, etc., etc.

analyses et comptes-rendus.

Sengler : Écrits récents sur la philosophie de Kant. L’année 1874 a vu paraître sur Kant trois monographies importantes qui se complètent mutuellement : l’une, celle d’Alfred Holder, « Exposition de la théorie kantienne de la connaissance, en vue d’étudier spécialement les différentes interprétations qui ont été données à la déduction transcendenlale des catégories, » (Tübingue, 1874) étudie spécialement la critique de la Raison pure ; l’autre, de Witte (Berlin, 1874, « Contributions à l’intelligence de Kant » ) entreprend surtout d’éclairer la critique de la Raison pratique ; la troisième enfin, celle de Stadler sur la Théologie de Kant, soumet à son analyse les principes essentiels de la critique du jugement.

La première nous offre une exposition très-précise et parfaitement exacte de la théorie de Kant sur la connaissance. Le dessein principal de l’auteur est de montrer que Kant a préparé les théories de Schopenhauer et d’Helmholtz sur les jugements inconscients qui concourent à la construction de la réalité sensible. Pour Kant, selon Holder, l’Imagination (Einbildungskraft) est le Moi construisant sans conscience le monde des intuitions sensibles ; et l’Entendement, la conscience que prend le moi des lois suivies par l’imagination dans cette construction inconsciente (p. 50).