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en deux fois, et à titre précaire, ce que nous aurions fait, par les syllogismes primitifs, de plein droit, et en une seule. Nous commençons toujours, en effet, en convertissant la mineure, par donner au sujet réel , le nom de B : mais, au lieu de constater, comme un fait, que ce même est ou n’est pas C, nous mettons imprudemment cette vérité en question, et nous la démontrons ensuite par l’intermédiaire de la notion A, lorsque cette notion se trouve impliquer ou exclure la notion C. Il y a donc ici, en réalité, deux syllogismes : l’un apparent, et de la première figure, par lequel on prouve ce qui n’a pas besoin de l’être, c’est-à-dire que est, ou n’est pas, C ; l’autre latent, et la troisième, par lequel on résout la question proposée, en donnant, à ce même , le nom de B. Le raisonnement pèche donc, cette fois, non par défaut, mais par excès : ou plutôt on commet une véritable ignoratio elenchi, compensée par la réunion de deux syllogismes en un seul.

Mais ce, qui ne nous a paru vrai, ni de la seconde figure, ni de la troisième, l’est, de l’aveu de tout le monde, de la quatrième : car cette figure ne repose sur aucun principe qui lui soit propre, et n’a aucun mode qui n’ait besoin d’être démontré, à l’aide, soit de la conversion, soit de la contraposition. Du reste, ni Aristote, qui a suggéré l’idée de ces modes[1], ni Théophraste qui les a introduits dans la logique[2], n’ont songé à en former une figure distincte ; et les noms même qu’on leur a donnés au moyen âge prouvent que la majorité des logiciens n’avait pas cessé de les regarder comme des modes indirects de la première. Tout le monde convient que les trois premiers, Baralipton, Celantes et Dabitis, ne sont au fond que les modes Barbara, Celarent et Darii, dans lesquels la conclusion est renversée : les partisans de la quatrième figure prétendent seulement que ce renversement suffit pour faire du petit terme le grand, et du grand terme le petit : ils veulent donc que les prémisses changent aussi de nom et de place, et appellent, en conséquence, Baralipton, Bamalip, Celantes, Calemes, et Dabitis, Dimatis[3]. L’originalité de la quatrième

  1. Anal. I, liv. I, ch. vii ; liv. II, ch. i. Les remarques d’Aristote sur les syllogismes dont on peut renverser, soit les prémisses, soit la conclusion, s’appliquent, du reste, aux trois figures. En suivant ces indications, on pourrait donner, non seulement neuf modes à la première figure, mais encore huit à la seconde et douze à la troisième ; et, comme on aurait trois conclusions universelles dans la première et quatre dans la seconde, on arriverait, en subalternant ces conclusions, au chiffre uniforme de douze modes par figure. Il est vrai que, dans la seconde et dans la troisième, les modes indirects ne différeraient des modes directs que par l’ordre des prémisses.
  2. Sch. in Arist., Éd. Brandis, p. 156. col. b, l. 2, sqq.
  3. Hamilton, Lectures on Logic, leç. XXII, t. I, p. 445. On dit ordinairement