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des idées capables de produire une décadence ne peuvent être que des mœurs ou des idées généralement répandues ; les convictions des individus isolés, étant peu sympathiques à la foule, ne peuvent avoir des résultats dangereux. Quand les choses vont plus ou moins mal en France, quand, malgré les étonnantes qualités de richesse et de vitalité de ce pays, on voit s’y succéder les révolutions et les catastrophes, c’est un tolle général contre le matérialisme, le déterminisme, le panthéisme, et d’autres doctrines qui n’y existent guère, qui n’y sont qu’un retentissement inoffensif, sinon salutaire, du mouvement des idées chez des nations voisines, — qui ne peuvent être, en un mot, que les opinions d’un petit nombre de penseurs sans influence, soigneusement tenus à l’écart de tout enseignement et de toutes fonctions. Il est certain cependant que le principe du mal doit se trouver ailleurs ; on peut affirmer à priori qu’il consiste dans quelque chose de prédominant, d’universellement adopté et encouragé, dans ce qui sert de base à l’éducation ou à la vie nationales, là où par conséquent on s’avisera le moins d’aller le chercher et où la force des traditions et de l’opinion, c’est-à-dire des habitudes, rendrait probablement tout changement difficile.

Léon Dumont.