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magne) est un travail excellent sur l’ouvrage de Wundt récemment publié. Il est probable que nul en Angleterre n’était plus apte à traiter cette question. Déjà, dans son livre, Sensation and Intuition, il avait consacré à ces questions une étude très-substantielle et qui révélait en lui un homme complètement maître de son sujet. Nous ne le suivrons pas dans son analyse du livre de Wundt, tâche difficile que nous avons nous-même essayée. Mais il fait précéder cette analyse d’une vue d’ensemble sur la marche de la psychologie allemande. « Ce n’est pas trop dire qu’avant les travaux des physiologistes, il n’existait rien en Allemagne qui ressemblât à une conception scientifique de la psychologie. Elle était cultivée par des philosophes de profession qui ne s’occupaient que de déterminer la substance de l’âme. Nous trouvons chez eux peu de patience à observer et classer les phénomènes mentaux, peu de pénétration à établir entre eux des rapports de cause à effet ; mais en revanche, une grande habileté métaphysique à bâtir de nouvelles hypothèses sur un groupe de faits arbitrairement choisis. » Telle est, en résumé, son histoire depuis Leibniz. À la vérité, Herbart attaque violemment « l’hypothèse vénérable des facultés mentales » et Beneke continue cette tâche ; mais, en réalité, la science expérimentale de l’esprit a été fondée en Allemagne par les physiologistes, et non par les métaphysiciens. Le premier qui ait marché dans cette voie est le célèbre J. Müller. Pénétré des idées de Kant, il chercha à les appliquer au sens de la vue et attribua à la rétine un sentiment inné de sa propre étendue. Cette hypothèse, appelée en Allemagne « nativistique », adoptée par les uns, corrigée et combattue par les autres, a donné naissance aux travaux les plus importants. Hering, Volkmann, Fechner, Helmholtz, Wundt, pour ne citer que les plus importants, ont été ainsi amenés à fonder une psychologie en croyant faire de la physiologie. — Le nouveau livre de Wundt, dit Sully en résumant un grand nombre de travaux épars, donne les limites d’un nouvel ordre de recherches justement appelées par lui « psychologie physiologique » qui, en partant du simple fait de la sensation, s’élève jusqu’aux opérations les plus subtiles et les plus complexes de la pensée.

J. Venn. Consistency and real Inference, titre qui peut être traduit par « l’accord logique et le raisonnement fondé sur la réalité ». L’auteur examine les deux thèses opposées sur la nature de la logique : la conception matérielle et la conception formelle (qu’il appelle la thèse conceptualiste). Il ne se propose pas de résoudre le débat, mais de montrer les difficultés inhérentes à chaque thèse.

M. H. Sidgwick. Théorie de l’évolution appliquée à la pratique. — Discussion serrée et sérieuse qui, sans être hostile à la doctrine de l’évolution en morale, en montre les difficultés et soutient que la théorie évolutionniste est impropre à réconcilier la morale utilitaire avec la morale intuitive[1].

  1. Voir ci-après l’article du Contemporary Review.